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Traitement de l’Histoire du Burundi : la société civile n’y arrivera pas seule

Des efforts sont consentis dans presque tout le pays, surtout dans les contrées les plus touchées par l’Histoire douloureuse de notre pays, pour apaiser, sinon prévenir des situations sanglantes comme celles qu’on a vécues. Malgré que ces actions nobles (oui, parce que les histoires de changement sont là) soient menées, il y a toujours un souci : quand une seule partie s’implique sans l’autre, les résultats seront limités.

C’est avec un risque de passer pour des rabat-joies. Ce sujet de traitement du passé est en quelque sorte fustigé dans le discours public. « S’atteler plutôt aux travaux de développement pour bâtir un Burundi dont nous rêvons tous », c’est le seul leitmotiv, le discours en vogue. Nul besoin de rappeler le poids d’un tel discours. Qui sommes-nous pour aller contre la volonté exprimée ? Mais peut-être que la question n’est pas là. Quand on parle de développement, dans la plus complexe définition de monsieur ou madame Google (c’est selon qui voit), il est nécessaire de retenir une chose : c’est le fait pour quelque chose de progresser. Le progrès a ses obligations que l’humain préfère ignorer. 

Parlons par exemple d’une victime, Aroni de la colline Rōta, qui ne trouve pas sa houe dans le petit coin habituel de sa petite maison. Il doit (mal)heureusement emprunter la houe à son voisin. Celui-ci serait connu de tout le village comme son bourreau. S’il ne le fait pas, il n’ira pas dans les champs. Les conséquences ne tarderont. Et ce sera difficile que « Umufuko wose uronka amahera, umunwa uronke ico ufungura »

Il manque une pièce du puzzle

La petite histoire sur la colline Rōta ne se reproduirait que si les gens touchés par un passé douloureux arrivent à embrasser et s’approprier le processus de guérison. Or, dans un contexte dominé par le tout ‘’développement’’, le tout ‘’entrepreneuriat’’, la problématique de la cohésion sociale et du traitement du passé se retrouvent ignorée ou plutôt moins considérée. Dans ces conditions, il n’est plus à démontrer que les organisations de la société civile intéressées par le domaine travaillent dans un environnement pas très favorable. Leurs marges de manœuvres se retrouvent limitées, moins indépendantes, malgré elles. 

Pour la petite histoire encore (puisqu’il s’agit du sujet du jour), pendant trois jours, dans une formation sur le suivi et évaluation, dispensée par une organisation internationale dans le même domaine, une chose nous a fort interpellée : c’est de voir autant d’astuces et de gymnastiques utilisées dans la bonne, ou disons la « safe way » pour ne pas « choquer ». A qui la faute ? L’Histoire ou les régimes ?

Cette réflexion trouve son sens dans la pure logique qui soit. Sans revenir sur nos propos d’entame, aussi longtemps qu’il n’y aura pas de volonté politique, qui d’ailleurs assure une assise dans les pensées des populations, les efforts vers la cohésion seront vains. Surtout que l’Histoire du Burundi, personne n’apprend plus à personne, est jalonnée de plusieurs dates sombres que chacun trouve sa manière (orchestrée ou pas) de décrire. 

 

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