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Tourisme de conférence au Burundi : la mine d’or qui dort

Le Burundi est traditionnellement associé à un tourisme centré sur ses parcs nationaux, ses paysages lacustres et son riche patrimoine culturel. Pourtant, le tourisme de conférence, plus dynamique et plus lucratif en Afrique, reste encore sous-exploité. Et si le Burundi saisissait cette opportunité pour se positionner lui aussi comme un hub événementiel incontournable en Afrique de l’Est ?

Ça fait un temps que mon rituel matinal consiste à scroller mon téléphone pour voir ce qui se passe dans le monde, et surtout chez nous. Un jour, par hasard, je tombe sur une avalanche de conférences, sommets et forums internationaux organisés un peu partout en Afrique. Comme pays organisateur, je découvre que le Kenya, le Rwanda et l’Afrique du Sud sont des champions incontestés. Ils ont même des sites dédiés à vanter leur savoir-faire pour attirer les organisateurs des événements internationaux.

Un jour de juin 2025, je décide de postuler, jusqu’à ce que le destin et un peu d’audace frappent à ma porte. Me voilà sélectionné pour l’Africa Liberty Forum 2025 au Kenya. L’organisateur prend en charge l’avion, l’hôtel, les repas… Bref, tout sauf mes dépenses impulsives.

À l’aéroport Jomo Kenyatta, je découvre une scène surréaliste. Des gens venus de toute l’Afrique et d’ailleurs, échangent leurs dollars en monnaie locale. Ils payent des taxis pour quitter l’aéroport vers l’hôtel qui abritera la conférence. Le soir, après que la conférence soit terminé, c’est l’effervescence : taxis, restaurants, bars branchés, parcs nationaux… ils payent sans compter juste pour découvrir le pays. L’hôtel, lui, avait embauché en masse pour gérer le flux, telle une ruche hyperactive où personnel de ménage, réceptionnistes, cuisiniers, serveurs, photographes, techniciens, etc, étaient tous sur le pont pour que l’événement soit parfait.

La révélation

Derrière cette agitation, j’ai découvert qu’une conférence, est bien plus qu’un échange d’idées, mais un tourisme où les voyageurs se déplacent pour des réunions, pour travailler ou assister à un événement. Le pays hôte se gave littéralement. Entre les frais d’hôtel, le transport, les échanges des devises en monnaie locale, les repas, les visites et les souvenirs achetés à la va-vite le dernier jour, ce genre de conférences internationales sont des véritables machines à cash pour les pays hôtes. Ils génèrent des devises, créent des emplois, stimulent les infrastructures locales et renforcent le positionnement international du pays. En un mot, l’économie locale se frotter les mains.

Dans l’avion de retour, une question me taraude. Que ce qui manque au Burundi, pour que nous nous mettions à vendre des conférences internationales comme des billets de concert, avec en prime, une économie qui dira merci ?

Des préalables

Selon mes hôtes, pour faire du Burundi un hub événementiel, tout devra commencer par une volonté farouche des autorités à décrocher ces précieux événements. Le pays doit postuler, négocier, et se battre comme une start-up en quête de financement. « Vous avez des hauts cadres burundais dans des organisations africaines ou onusiennes ? Leur mission première devrait être de scruter quotidiennement les agendas internationaux et de jouer les commerciaux et la diplomatie pour attirer ces événements chez vous », m’ont-ils expliqué, avant de renchérir que « les associations locales bien connectées dans des réseaux internationaux peuvent aussi mettre la main à la pâte ».

Mais attention. Pas de miracle sans prérequis. Il faut aussi des hôtels aux standards internationaux, des salles de conférences plus spacieuses, une électricité qui ne fait pas des siestes intempestives, et un service hôtelier qui donne l’impression d’être en mode VIP 24h/24, 7J/7. « Parce que si le premier organisateur repère une prise qui ne marche pas ou un Wi-Fi capricieux, un service lent ou des chambres avec peu d’hygiène, la rumeur va se répandre plus vite qu’un tweet polémique, et adieu les devises étrangères », ont rajouté mes hôtes.

Le Burundi doit donc investir massivement dans ce genre de tourisme. Certains pays ont déjà sauté sur l’occasion. Le Rwanda, par exemple, a accueilli 32 conférences internationales en 2023, laissant même le Kenya (21 événements) un peu sur la touche.

Au moment où le pays tente des reformes pour la stabilité macroéconomique, le tourisme de conférence est une nécessité économique. Avec sa stabilité politique retrouvée, ne serait-il pas temps de se lancer dans la course ?

 

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