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Souvenirs d’un enfant « rural » pendant les vacances scolaires

Les vacances d’été approchent. Elles sont vécues différemment selon l’origine et les moyens. Mais les enfants ruraux ne chantent pas trop : ils travaillent dur. Ils reçoivent parfois des visites des enfants venus des villes. À l’époque, ils venaient de Bujumbura… Réminiscence. 

C’était en 1999, pendant les vacances d’été. Je me rappelle que ça faisait à peu près 4 ans que mes cousins et cousines n’étaient pas venus nous rendre visite à la campagne. J’étais en 2ème année primaire. En vacances, les familles des voisins accueillaient des enfants urbains, et surtout les petits enfants qui rendaient visite aux grands-parents. 

Dan*, Blandine* et leur petite sœur Stacy passèrent alors chez nous environs deux semaines. Comme tout parent qui envoie son enfant loin, ma tante, qui était venue avec eux, avait apporté des vivres qu’ils allaient consommer pendant ce séjour. Et c’est ainsi que j’ai découvert la mayonnaise, le chocolat et le fromage à mettre dans du pain pour le petit-déjeuner.

À la maison, la cuisine avait de suite changé. C’est le domestique qui avait accompagné la petite famille de Bujumbura qui se chargeait des activités culinaires. Quant à moi, j’étais toujours derrière nos troupeaux de vaches. Et parfois, mes cousins me suivaient. Ils parlaient de vache de couleur rouge ou noire pour les distinguer. La petite Stecy disait : « Ndakunda inka ya rouge gusumba inka ya noir », pour dire qu’elle préférait les vaches de races locales.

« Timoré de dévoiler mon école… »

Dans nos échanges, je leur demandais, quelles écoles ils fréquentaient. C’est moi, en premier, qui avais lancé l’offensive. « Moi j’étudie à l’école Michel Archange, en deuxième année », avait répondu Dan d’un air fier, avec une prononciation hors du commun. Je me suis tu. J’ai écouté et observé comme si je n’avais rien vu ni entendu.

Mais Blandine* n’a même pas entendu que je lui demandais l’école qu’elle fréquentait. Elle a lancé avec une voix de tête pour dire qu’elle était de l’École indépendante de Bujumbura. « C’est moi que l’on récupère en premier avant d’aller prendre Dan* tous les jours à la fin des cours », se vantait ma cousine entonnant des chansons et des citations apprises à l’école.

Après avoir écouté les deux petits de Bujumbura, je ne pouvais daigner sortir un mot. Je craignais d’être ridicule si jamais j’osais leur révéler mon école primaire qu’on appelait simplement « E.P ». Mais comme, ils insistaient, j’ai respiré longuement, puis j’ai fini par clamer : « Moi, je vais à E.P Bigomogomo. Chaque matin, on entonne des chansons… ».Tout le monde me regarda de façon inhabituelle et éclata de rire. Pour rivaliser avec leur français, il fallait que je me rappelle des images, des dessins sur lesquelles on retrouvait Keza, Kagabo, Rita…. Mais aujourd’hui, quand on se croise, mon accent est un lointain souvenir, je parle aussi bien qu’eux, voire mieux. Et je m’en suis bien sorti. 

Chers petits frères et petits sœurs de la campagne ; attendez-vous à des défis pareils pendant les grandes vacances si vous recevez des enfants « towners » chez vous. Ils vont vous parler de télé Novelas, des chaines de télévisions que vous ne connaissez pas. Vous serez dépaysés. Vous serez tous en vacances mais vous allez les passer différemment. 

 

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Les commentaires récents (3)

  1. Vraiment c’est une très bonne leçon je voudrai parler ce qui est en rapport avec les enfants de la ville tout en parlant à leurs parents d’essayer de fournir à leurs enfants ce qui se passe à la campagne en d’éduquer le Burundi de demain capable de parlé la nature de leur pays au lieu de les concentré seulement sur la vie de la ville essayons alors de mettre ensemble nos connaissances en fin de préparer le Burundi de demain merci