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« Ski sur boue », le sport en vogue à Bujumbura

La résilience est le fort des citadins. Face à l’impraticabilité ou presque de la voirie après les pluies diluviennes, une réponse plutôt ingénieuse. Celle qui consiste à transformer routes et chemins en terrains de jeu.

C’est un poilissime qui clame bec et ongles la paternité de cette nouvelle discipline. Ce n’est plus à prouver, la recherche dans les universités burundaises jouit des sommes astronomiques. Mais Vincent N, qui est connu actuellement sous le sobriquet de Vinski, a découvert le ski sur boue loin de nos laboratoires et bibliothèques hautement sophistiquées. Il raconte : « J’étais au campus Mutanga et il pleuvait des cordes. Il y avait des flaques d’eau tous les deux mètres. Pour les éviter, il fallait être bon au saut en longueur ».

Ses réflexes d’athlète, il les a depuis le lycée. C’était un sportif touche-à-tout. À la réception de son saut, il a fait une descente de plus de dix mètres, « à une telle vitesse que j’avais l’impression de voler », se souvient Vinski. Une petite glissade pour un homme, un grand slalom pour une nation !

Au début, il était à mille lieux de s’imaginer qu’il venait d’accomplir un acte de nature à révolutionner le quotidien des gens. Un peu comme Isaac Newton qui doit sa notoriété aux travaux sur l’attraction universelle qu’il a réalisés suite à un fait anodin : la chute dune pomme.

« Un art qui a de beaux jours devant lui »

La discipline a pignon sur rue. Difficile de faire cent mètres sans voir un Bujumburois exécuter joyeusement un numéro de ski sur boue. Enfants, adultes et vieux, tous s’y mettent avec brio. Un groupe de sociologues s’est récemment penché sur le phénomène pour essayer d’expliquer cet engouement. À en croire les indiscrétions d’un membre de cet illustre collège, « le ski sur boue est un art qui a de beaux jours devant lui. Sa progression varie évidemment selon les quartiers ».

Une petite balade dans les quartiers de la capitale économique atteste les affirmations du chercheur. Bertrand, un jeune homme dans la  trentaine passe pour maître ès ski sur boue à Carama, comme une écrasante majorité des habitants de la contrée d’ailleurs. «Quand il a plu, nous sortons le grand jeu. Carama est à ce sport ce que les favelas du Brésil sont au foot », soutient-il. 

Ce monsieur compte publier un bouquin intitulé « Le ski à boue pour les nuls ». Un abécédaire illustré qui sera coécrit avec des ressortissants de Bujumbura la glissante, touchés par le phénomène. Il faut avouer qu’ils voient grands, les skieurs sur boue. «  Nous comptons organiser des jeux matopiques– de matope, la boue en Kiswahili- inspirés des jeux Olympiques d’hiver qui se font en général sur la neige», révèle Abdoul, un habitant de Kanyosha.

Sachant que ce n’est pas demain la veille la fin de la saison des –fortes- pluies, tout le mal que nous nous souhaitons, nous pauvres skieurs sur boue ,: les services municipaux, si vous nous lisez, faites foirer ces rêves!!! 

Kayaga est  une chronique qui scrute les faits sociétaux, politiques, économiques du Burundi sous un angle humoristique. Les articles qui sont publiés dans Kayaga n’ont d’autre visée que de pe(a)nser notre pays en passant par le second degré.

 

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