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Photographe : un métier méprisé ?

A Bujumbura comme ailleurs au Burundi, fêter fait partie de notre culture : la naissance, le mariage, la mort, le diplôme ou un simple certificat de fins des études fondamentales… Pour tous ces évènements, une personne clé : le photographe. Malheureusement, cet artisan de l’instant, gardien de nos souvenirs, est aussi victime du mépris. Je suis votre témoin oculaire.

Dans ce monde tumultueux où chaque événement doit être immortalisé, les jeunes photographes burundais essayent de tirer leur épingle du jeu. Parmi eux, Luc*, un modeste photographe dont le destin s’entremêle avec les vicissitudes de son art.

Ce jour-là, nous célébrions le mariage d’un ami. Alors que les rires résonnent et les sourires illuminent les visages, Luc se tient là, fidèle au poste, capturant chaque instant avec une passion non dissimulée. De l’aube au crépuscule, Luc est partout, à satisfaire tout le monde, bravant la faim et la fatigue.

Alors que la nuit s’installe et que les estomacs gargouillent, nous sommes invités à passer à table. Au moment où les convives se délectent du festin, Luc, oublié de tous, semble invisible. Incapable de dompter sa faim devant les plats croustillants, il s’approche timidement, espérant un repas bien mérité. Hélas, les mots acerbes du président du protocole l’arrêtèrent net : « We sha ! Tu n’es pas venu pour manger, laisse et va continuer ton travail ! »

C’est dans ces instants de déshonneur que l’essence même de l’humanité vacille. Le regard accusateur, le mépris déguisé en ordre, cette humiliation pèse plus lourd que la faim et la fatigue sur les frêles épaules de Luc.

Marche ou crève ? 

Loris*, autrefois compagnon d’objectif de Luc, a choisi une nouvelle carrière, pour fuir les affronts et les déceptions : « Ma passion pour la photographie n’a pas su l’emporter sur le dédain de mes clients. J’ai choisi de me libérer de ce fardeau d’humiliation », confie-t-il, une lueur d’amertume dans les yeux.

Pourtant, tous les photographes ne jettent pas l’éponge. Pour Sam*, photographe depuis 2018, la solution réside dans la solidarité et la clarté des contrats. « Un photographe est plus qu’un simple témoin, il est le gardien des mémoires, et il mérite le respect et la reconnaissance de tous », clame-t-il avec ferveur.

Dans ce tumulte d’émotions et de défis, que les choses soient bien claires : l’artiste ne devrait jamais être sacrifié sur l’autel de l’indifférence et du dédain. Avec chaque instant capturé, chaque sourire immortalisé, le photographe tisse les fils fragiles de l’histoire, rappelant à tous que chaque image est le reflet de notre humanité. Quoi de plus respectueux que son apport ?

* : nom d’emprunt

 

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Les commentaires récents (3)

  1. Bravo au photographe parce que sans eux nous n’aurions pas des photos de souvenir respecte leur travail comme d’autres travail

  2. Il est regrettable de mépriser un photographe lors des événements qu’il couvre, car il fait partie des personnes présentes pour travailler et remplir une mission très importante.Il es aussi le témoin special dans tous les cérémonies dont il est comfié le reportage. Les photographes jouent un rôle crucial dans la capture des moments spéciaux de l’événement, et ils méritent d’être traités avec respect et considération comme les autres invités. Il est essentiel de reconnaître leur contribution et de veiller à ce qu’ils puissent remplir leurs obligations tout en étant traités de manière équitable.