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Miss Burundi : pourrait-elle être mère et miss ?

Miss Burundi, un concours de beauté qui met sur un piédestal un genre de femme avec des critères, un tantinet désuets. Célibataires, élancées, minces et âgées entre 18 et 25 ans. Est-ce pour dire qu’on ne peut pas être belle à 30 ans ? Et ces femmes rondes intelligentes et ambitieuses, pourquoi ne sont-elles pas de la partie ? Une blogueuse de Yaga jette son dévolu sur le sujet.

La journée a été longue. Les rayons d’orées qui glissent à travers les vitres de la pièce m’indiquent que le soleil se couche. Je prends mes affaires et je rentre. Tiens, qui voilà ? À quelques pâtés de maison de chez moi, j’aperçois une voisine. Elle s’appelle Laura*, la vingtaine. Fin février de cette année, elle m’a avoué, fière et catégorique : « Je vais m’inscrire au concours de Miss Burundi ! » Et brandissant un grand sourire, elle m’a exhortée de voter pour elle. Bien sûr ! Étonnée de son choix, je lui ai demandé la raison derrière. « J’aimerais voyager », m’a-t-elle fait savoir. Une réponse que j’ai jugée superficielle sur le moment. Je me suis intéressée alors à son projet. « Développer le tourisme au Burundi. », a-t-elle riposté comme si elle était déjà prête à affronter le jury. Développer le tourisme, un projet ambitieux mais assez classique.

Ce soir, car il fait déjà nuit lorsque je la recroise, elle brandit le même sourire que la dernière fois et m’annonce : « Ça y est ! Je me suis inscrite en ligne pour le concours de Miss Burundi. » Je partage sa joie mais une chose me taraude l’esprit. Les critères pour participer sont tout juste révoltants ! « Être célibataire et sans enfants. », stipule un des critères. Mon amie candidate justifie ce critère en me disant que la Miss doit être à l’image de la culture burundaise (umukobwa w’imico n’akaranga). – Aho da ! Donc la Burundaise modèle doit être célibataire et sans enfants. Je décide de ne pas en faire un débat avec elle et je rentre, pensive…

Des critères caducs !

De quoi a donc peur le comité d’organisation de miss Burundi ? Qu’en voyant des filles/femmes enceintes défiler ça inciterait d’autres filles burundaises à tomber enceintes ? La culture ne devrait pas s’immiscer dans un concours de beauté. Vous vous souvenez de miss Claudia Lauria Nishimwe ? Celle qui exhibait fièrement ses formes dans un concours de miss Earth ? Elle a suscité le courroux des internautes car sa tenue deux pièces n’était pas conforme à la culture burundaise. Les Burundais d’antan, eux, comment s’habillaient-ils ? Les images pourraient vous choquer.

Les membres du jury devraient s’en tenir à deux critères fondamentaux dans ce concours à savoir : La beauté et l’intelligence. Parlons de l’intelligence. Un autre critère surprend : « Avoir au moins terminé les études secondaires. » J’espère que les membres du jury ne se basent pas sur ce critère pour définir l’intelligence. Une personne peut ne pas avoir passé sur le banc de l’école et être dotée d’une sagesse et d’un sens de leadership hors pair. Alors, cher comité d’organisation, arrêtez avec vos critères d’un autre âge et redéfinissez vos règles d’une manière inclusive et justifiée !

Nous voulons voir ces mamans miss qui accomplissent milles tâches à la fois. Un adage burundais le dit bien : « Umukenyezi ni maboko igihumbi », mettant en valeur la capacité d’une femme à effectuer plusieurs tâches en même temps. Nous voulons au-devant de la scène ces femmes éloquentes et ambitieuses qui n’ont pas pu terminer leurs études. Nous voulons admirer ces femmes rondes aux courbes généreuses qui défilent sur le podium.

Ce n’est pas qu’au Burundi, plusieurs pays ont revu leurs critères. Toutefois, des pays comme la France ou l’Allemagne, suite à la désapprobation du public ont dû opter pour un règlement plus inclusif. En Allemagne, la miss Germany 2020 Leonie Von Hase était une mère de famille de 35 ans. En France, on autorise désormais les candidates transgenres de concourir au titre de miss (ce qui n’est pas prêt d’arriver au pays de Mwezi).

Les femmes sont invitées souvent à prendre la parole et à s’imposer dans toutes les sphères de la société. Ne leur mettez donc pas les bâtons dans les roues. La place d’une femme n’est nullement qu’au foyer. Son rôle n’est pas que de s’occuper de ses enfants. Elle peut être mère et miss, mère et présidente. Enfin, elle peut être tout ce qu’elle veut !

 

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