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Lettre au ministre de l’Education : « Explorez des solutions plus innovantes et plus accessibles »

La direction générale de l’éducation au Burundi vient de sortir un communiqué. « Aux détenteurs de diplômes et certificats délivrés aux différents niveaux d’enseignements de veiller à la sécurité de ceux-ci. Outre, aucun duplicata ne peut être émis. » Consterné, un blogueur exprime son désaccord avec cette décision qu’il juge « inadaptée au contexte actuel du Burundi. » 

Monsieur le Ministre, 

Votre directeur général en charge de l’éducation nationale, vient de sortir un communiqué concernant la sécurisation des diplômes et certificats délivrés par votre institution. 

« La direction Générale de l’éducation nationale porte à la connaissance du public et plus particulièrement aux lauréats des différents niveaux d’enseignements que les certificats et diplômes ne sont délivrés qu’une seule fois. Même en cas de détérioration ou de perte de ces documents précieux, aucun duplicata ne peut être émis », dites-vous, à travers ledit communiqué. 

Monsieur le Ministre,

Tout d’abord, permettez-moi d’exprimer ma reconnaissance pour votre souci de la préservation de ces documents précieux, qui sont le fruit du dur labeur et de l’engagement des citoyens burundais envers leur éducation. Toutefois, je voudrais exprimer mon désaccord avec une telle décision inadaptée au contexte actuel du Burundi. 

Inadaptée…

La question est très simple : dans notre cher pays qui peine encore à se fixer sur la voie du développement, quels mécanismes alternatifs fiables, accessibles et inclusifs de sécurisation des documents aussi importants, sont-ils disponibles pour un large public ?  

Monsieur le Ministre, 

Combien de Burundais peuvent utiliser les mails, fax ou courrier postal, les seuls, dirait-on, disponibles, mais dont nous sommes sans ignorer les risques ? Tenez-vous bien, rien que pour les mails, selon le rapport ARCT 2021-2022, « au 31 décembre 2021, le taux de pénétration de l’Internet était de 21.3 %, et celui de la téléphonie mobile de 64.27 % ». 

Ici, je ne vais pas rentrer dans les détails pour vous expliquer que l’accès à Internet ne signifie pas forcément, accès aux mails et que la couverture chiffrée, ci-haut citée, concerne beaucoup plus les zones urbaines. 

Monsieur le Ministre, 

D’un autre côté, elles sont nombreuses les situations qui peuvent conduire à la perte de l’un ou l’autre document, quelque précieux celui-ci pourrait être. Les inondations (les cas comme Gatumba ou Carama sont assez illustratifs), les incendies, etc. Oublier ses documents dans un bus ou dans un taxi, ou encore avoir à faire aux cambrioleurs, sans parler des rats ou des cafards qui prennent souvent pour dessert les papiers dans les armoires de nos maisons… 

Pour la petite anecdote, après la lecture de votre communiqué, j’ai eu le réflexe de taper sur Google « sécurisation des documents au Burundi ». Je suis tombé sur cet article d’Iwacu de 2011 qui décrivait une innovation de l’office national de recouvrement (ONR), au nom d’Eregex. Auriez-vous, par hasard, entendu parler de cela, ailleurs que dans cet article ? Moi, non.  

Vous auriez pu proposer mieux

Plutôt que de simplement recommander aux détenteurs de diplômes et certificats de les sécuriser eux-mêmes, ce qui est par ailleurs pareil que de les envoyer balader, je suggérerais que la Direction générale explore des solutions plus proactives et inclusives. Par exemple, la mise en place d’un système de sécurisation des documents délivrés par votre institution, tel que des cachets spéciaux ou des technologies de protection avancées. Ceci pourrait contribuer à réduire les risques de perte ou de falsification.

Monsieur le Ministre,

Par ailleurs, je pense qu’il serait judicieux d’envisager la digitalisation des services liés à la délivrance et à la gestion des diplômes et certificats. En permettant aux citoyens d’accéder à des versions numériques de leurs documents, vous offririez une alternative pratique et sûre, en cas de perte ou de détérioration des originaux.

Dans votre communiqué, vous dites : « Toute initiative qui contribue à la modernisation et à la sécurisation de ces documents est vivement encouragé ». Mais, sérieux ? Et moi qui croyais qu’en tant qu’institution publique, il est de notoriété publique que cette mission vous incombe plus que quiconque. Je suis déçu. 

Monsieur le Ministre, 

Je vous encourage vivement à reconsidérer la mesure actuelle et à explorer des solutions plus innovantes et accessibles pour garantir la sécurité des diplômes et certificats délivrés par votre institution. En tant que service public, je suis convaincu que la Direction générale du ministère de l’Education nationale a le devoir de fournir des solutions efficaces et équitables pour répondre aux besoins de tous les citoyens burundais.

Je vous remercie de l’attention que vous porterez à cette lettre.

 

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Les commentaires récents (4)

  1. Je salue vivement votre contribution à l’endroit du communiqué émanant du Bureau de l’éducation nationale au Burundi qui nous interpelle de bien conserver nos documents ( Diplômes et Certificats) parce qu’ils sont chers tout en précisant qu’ils sont émis une seule fois quelque soit la forme de détérioration ou la perte.Mais vous avez essayé de donner les voies de sortie.

  2. Ikinyamakuru nka Yaga kirakwiriye gushigikirwa mu Burundi kuko ibindi n’ugutera amashurwe gusa ngo birahimbaye …..ngo N’ibindi ntavuze
    Iyaba hoho nizo diplôme baziduha vyoba vyiza.
    Kwiga urakongatara ,n’ukugira uronke diplôme ukongatara gusumba uko wakongataye wiga😏