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Kajaga, l’envers du décor

Aujourd’hui, des dizaines de plages se succèdent le long de la chaussée d’Uvira, rivalisant de beauté. Mais Kajaga, c’est aussi l’autre côté de la chaussée, et y vivre quotidiennement est à certains égards peu pratique. Comme son nom l’indique, harajaga.

Situé dans la commune Mutimbuzi, Kajaga a été aménagé sur des terrains humides, marécageux. Aujourd’hui encore, on peut avoir un aperçu de ce que fut ce quartier : des terrains marécageux non encore exploités qui, malgré les chaleurs torrides, ne dégorgent pas d’eau, et cela tout au long de l’année, fragilisant les habitations alentour.

Ces derniers mois, la pluie s’est férocement abattue sur Bujumbura, faisant des dégâts tant humains que matériels. À Kajaga, quand il pleut, l’eau qui ne peut ni couler ni s’infiltrer dans le sol déjà gorgé d’eau, va stagner dans les rues, devant les maisons, dans les cours d’école, faisant le bonheur des enfants dans les cours de récré et le malheur des parents qui vont devoir les faire soigner. Une situation dangereuse dans ce quartier non encore viabilisé, où les moustiques ont déjà fait leur réputation en délogeant les colons allemands.

En attendant Godot…ou le bus

Faire la queue en ville ? Non. On se fait même prier pour entrer dans le bus. Mais pour le trajet inverse, c’est une autre affaire. Kajaga n’a pas sa ligne propre de bus. Les habitants de ce quartier sont obligés d’attendre avec ceux de Kinyinya (quartier en face de Kajaga), un bus en provenance de Gatumba en priant pour qu’il y ait une place libre. L’attente peut durer deux heures. « Pour un rendez-vous en ville à 15h, je quitte la maison à 13heures, parce que je sais que je vais poireauter au moins une heure avant de trouver un bus. Ensuite il faut prendre en compte la durée du trajet, une vingtaine de minutes et espérer ainsi arriver à l’heure. » 

Amani (pseudo), chauffeur de bus, ne voit pas l’intérêt d’une ligne propre à Kajaga, parce que selon lui, le trafic en dehors des heures de pointe y est quasi nul. « Les gens vont bosser tôt le matin, et rentrent le soir. Ce sont les deux moments où trouver un bus n’est pas difficile. »

Certes Kajaga a son charme, mais la viabilisation de ce quartier permettrait au moins de réduire le risque de transmission du paludisme, qui a touché 7,2 millions de personnes en 2019 au Burundi, selon l’OMS et lutter contre certaines parasitoses. Le quartier en pleine expansion aurait bien besoin d’une ligne de bus pour éviter à chaque déplacement une perte massive de temps.

 

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