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Burundi : immigration, impact caché des crédits en souffrance

Partir à l’étranger est devenu, pour une grande partie de la jeunesse burundaise, un véritable projet de vie. Néanmoins, le coût de ce rêve pousse certains à contracter des crédits bancaires qu’ils ne remboursent pas. À travers ce billet, une expérience vécue raconte l’impact de ces crédits en souffrance sur la jeunesse et sur le système bancaire. Témoignage

Les événements se passent en temps réel. Sur WhatsApp, les groupes d’entraide se multiplient ; sur X, des « spaces » en direct dévoile les démarches et les itinéraires. Le phénomène ressemble à des scénarios de 24 heures chrono, tout se joue en temps réel, au rythme de nouvelles opportunités qui s’ouvrent du jour au lendemain : Dubaï, Corée du Sud, Pologne, Canada, Kossovo, Albanie, Serbie, etc… Malheureusement, derrière ce rêve, se cachent des réalités beaucoup plus sombres.

Pour la plupart des jeunes, leurs maigres économies ne suffisent pas pour réussir ce rêve. Seuls quelques enfants de familles aisées (abanabo mu giti) peuvent compter sur leurs parents. D’autres, en revanche, leurs parents sont obligés de vendre tous leurs biens, parfois même sacrifier leur retraite, pour offrir à leurs enfants la chance de quitter le pays et d’espérer un avenir meilleur à l’étranger.

D’un autre côté, certains finissent par contracter des prêts qu’ils ne pourront jamais rembourser et par ricochet, certaines institutions financières voient leurs portefeuilles de crédits se fragiliser. Cette situation m’a touché.

Ma désillusion

J’avais une urgence qui nécessitait de prendre un crédit pour la régler. Je contacte alors un ami qui travaille dans une microfinance (dont je préfère ne pas citer le nom), et me donne tous les éléments nécessaires pour déposer ma demande. J’ai rassemblé tous les documents et je les ai déposés.

Après trois jours, mon ami m’appelle me disant que la direction veut me voir en personne pour discuter. On m’a fixé un rendez-vous, et je m’y suis rendu. Arrivé au rendez-vous, j’ai été étonné de ce qui m’attendait.

En tête à tête avec la directrice, elle me regarde droit dans les yeux et me lance : « Ce crédit, ce n’est pas pour quitter le pays et aller à l’étranger ? » Je réponds calmement : « Non. » Elle insiste : « Qu’est-ce qui le prouve ? » J’ai eu du mal à répondre à cette question. La directrice m’a alors précisé qu’une commission de crédit allait se réunir et que je serais informé de la décision finale après leur délibération.

Le soir, j’ai contacté mon ami qui me dira que : « En ce moment, beaucoup de jeunes fonctionnaires demandent des crédits pour financer leur départ à l’étranger. La direction est devenue très prudente. »

Je voulais en savoir plus…

J’ai appelé un ami qui travaille dans une banque à Bujumbura et il m’a expliqué ce qui se passe actuellement. A titre d’exemple, il m’a dit que les crédits que la banque accordait à ses employés pour s’équiper ont été diminués, car plusieurs employés qui avaient reçu ces crédits ont choisi de partir pour le Canada ou l’Europe.

Il m’a aussi expliqué que la banque doit combler les vides laissés par ces crédits en souffrance, en puisant dans ses réserves, ce qui pèse lourdement sur le département des crédits.

Cela fait alors des répercussions pour ceux qui voudraient contracter des créditspour financer des projets bénéfiques tant pour les familles que pour le pays. Je trouve désolant que des jeunes qui n’ont pas le rêve de quitter le pays pour Paris, Canada, ou Dubaï à tout prix, soient pénalisés alors qu’ils contribueraient au développement du pays grâce aux crédits contractés pour investir localement.

 

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Les commentaires récents (2)

  1. Pourquoi alors ceux qui le souhaitent ne peuvent pas accéder à leurs rêves ? Cela me montrer que il ya de quoi cachées. Il faut être toujours prudent piur récompenser tous les nécessités des clients

  2. Merci pour le partage. Il ne faut pas oublier aussi le mensonge qui ce cache derrière, voir assisté. La vérité sur terrain. Il y a ceux qui s’enrichissent tout en créant des sociétés qui envoient les autres alors qu’eux même n’y partent pas.
    Il faut un mécanisme de suivi pour ces sociétés prometteuses. Mais qui?

    J’ai un cousin qui était parti pour Dubaï. Il avait vendu tout ce qu’il avait pour financer son voyage. Il a été surpris par la réalité de ceux qui le promettaient un travail assurant. Après, il est tombé malade. Seul la première lui a sauvé la vie mais pas ma raison: empoisonnement. Aujourd’hui, Dieu merci, il a été retourné. Son état de santé est grave. Difficile de dire que chez Legenti(kwa Rujanti), on peut le sauver.