Gen Z, Gen X, Gen Y et sexualité : un conflit générationnel ?

Il y a un mois, dans une émission, une jeune burundaise Gen Z expliquait les avantages d’avoir les relations sexuelles avant le mariage, et la part de la sexualité dans les divorces d’aujourd’hui. L’émission a défrayé la chronique sur les réseaux sociaux. Elle a aussi alimenté, dans une certaine mesure, un conflit générationnel entre les Gen Z et les autres générations X et Y. Coup de projecteur.

Les Gen Z ou les « slasheurs » sont les jeunes nés entre 1995 et 2010. Et s’il y a un domaine dans lequel ils opèrent une révolution, c’est bien celui de la sexualité. En matière d’amour et de sexualité, tout les différencie de leurs parents de la Gen X (les personnes nées entre 1960 et 1980) ou de leurs frères et sœurs de la Gen Y (personnes nées entre 1980 et 1995). Les codes se bousculent. Ils/Elles ne cessent de s’affranchir des normes. Pas question de rentrer dans les mêmes cases que leurs aînés, car ils/elles ne cessent de remettre en question les traditions.

Pour ceux qui n’ont pas écouté l’émission, la Gen Z sur le micro du journaliste d’Umukubito Tv ne comprenait pas comment une fille peut aller rendre visite à un garçon et rentrer sans faire l’amour. Elle ne comprenait pas comment un homme peut se marier à une fille sans la connaître sexuellement. Elle expliquait même la part des rapports sexuels pourris dans les divorces d’aujourd’hui. Et en commentaire sur les réseaux sociaux, ces théories se sont entrechoquées. La discussion a dégénéré  en arsenal de vocabulaires et d’incompréhensions que les Gen X et Y tentaient  tant bien que mal de décrypter, mais qui semblaient en revanche tout à fait naturel et normal chez les Gen Z.

La confirmation

Les propos de cette jeune burundaise Gen Z ont démontré que l’amour et la sexualité ne sont pas des choses statiques. Chez les jeunes burundais(e) de cette génération, le modèle de couple classique et monogame n’a plus de cote. Ils refusent les normes, et se créent les siennes. Ils sont ouverts au sexe et sont nombreux à aspirer à des relations non-monogames, à des rapports sexuels avant le mariage, et évaluent le couple sur base de la qualité des rapports sexuels. Pour eux, la diversité est une valeur clé.

Pour ceux qui veulent me contredire, les exemples sont là. Les Gen Z burundais(e)s n’ont plus peur d’acheter un préservatif ouvertement, contrairement aux générations X et Y. Ils n’ont pas peur de changer leur identité sexuelle ou à s’afficher non-hétéro sans problème, contrairement aux autres générations. Dans leurs discours, la honte « isoni » des jeunes filles des Gen X et Y n’a plus raison d’être  (ce qui n’est pas mal en passant), quand il s’agit de briser les tabous sur la sexualité.

Le conflit

Ce conflit générationnel en matière sexuelle ne se confirme pas seulement au Burundi, mais partout dans le monde. En France par exemple, 72 % des Françaises de la Gen Z considèrent que la monogamie n’est pas nécessairement  synonyme de bonheur dans une relation amoureuse, alors que 72 % des femmes et 45 % des hommes de la génération X sont favorables à la vie avec un seul partenaire. En tête de liste des arguments en faveur de cette relation plus libre, c’est le fait qu’une seule personne ne soit pas en mesure de satisfaire leurs besoins sexuels.

Face à cette aspiration des Gen Z à de nouvelles règles, les autres générations sont choquées. Ils ne comprennent pas cette différence, et commencent même à s’accuser intérieurement qu’ils/elles ont été des mauvais parents. Pour les Gen X qui n’ont pas connu la technologie numérique, ils l’accusent comme étant à l’origine de cette dégradation des mœurs, voire dépravation des mœurs. Et pour les Gen Y, ils/elles ont peur de l’avenir en se demandant quel genre de femme/mari ils/elles vont avoir dans le futur, et quelle éducation leurs enfants vont recevoir dans 10 ans.

Sans juger qui que ce soit, cette jeune et belle fille Gen Z nous a aidés à imaginer le Burundi autrement, celui d’hier et d’aujourd’hui.