Au Burundi, l’usage du gaz n’est pas répandu. Les gens pensent qu’il est cher, si on tient en compte de l’investissement nécessaire pour son utilisation. Mais il paraitrait que, contrairement à ce qu’on a tendance à croire, en comparaison au prix du charbon de bois (Makara), la réalité est tout autre. Cette blogueuse s’est livrée à un petit exercice pour le démontrer.
Partons d’un petit exercice. Nous avons rendu visite à deux familles. La famille X cuisine au charbon de bois, et la famille Y au gaz. Pour la famille X, elle utilise 2000 BIF/jour pour le charbon de bois. C’est-à-dire 60 000 BIF par mois. La famille X dispose de deux braseros qu’elle renouvelle tous les six mois. A raison de 5000 BIF chacun, les braseros lui coûtent 20 000 Fbu par an. Pour une année, la famille X débourse donc 740 000 Fbu.
Quel est le coût pour la famille Y qui utilise le gaz pour la cuisson ? Voici ses dépenses : la bonbonne vide pour s’approvisionner coûte 120 000 BIF. Un tuyau de deux mètres pour raccorder la bonbonne au réchaud s’achète à 20 000 BIF, tandis que le détendeur pour le réglage du débit du gaz vaut 40 000 BIF. Le réchaud à gaz se vend à 120 000 BIF. C’est-à-dire que cette famille doit investir 300 000 BIF pour commencer à utiliser le gaz. Tous les deux mois, elle utilise 12 kg de gaz qu’elle paie 52 800 BIF, ce qui revient à 316 800 BIF par an. Si on y ajoute l’investissement déjà fait, la famille va utiliser 616 800 BIF/an.
Selon ces chiffres, pour une année, la famille Y économisera 123 200 BIF par rapport aux dépenses de la famille X sur la même période. Ce n’est pas tout. Pour la deuxième année, la famille Y ne va plus investir dans le matériel de cuisine. Elle ne dépensera plus que 316 800 BIF alors que la famille X continuera à dépenser 740 000 BIF, soit un surplus de 423 200 BIF par rapport à la famille Y.
Un gain autre que pécuniaire
« C’est pour des raisons écologiques que j’ai abandonné la cuisson au Makara pour me mettre au gaz ». Elle, c’est Nancy Ndayizeye, une mère de 35 ans que j’ai rencontré au RUCSA Gas. Elle venait s’approvisionner en gaz. Elle a ajouté que par rapport au charbon de bois, le temps de cuisson des aliments avec le gaz est plus court, sans oublier que le gaz n’émet pas de fumée ni de déchets.
Même son de cloche chez Diane, 26 ans, gérante d’un hôtel à Kigobe. « Grâce à la flamme des bruleurs, il est possible de contrôler la température à vue, que vous souhaitez mijoter à feu doux ou saisir à feu vif, ce qui n’est pas possible avec le charbon de bois ». Le contrôle visuel lors de la cuisson de ses plats lui permet de cuisiner de manière plus efficace.
La population urbaine ne cesse d’augmenter, ce qui implique de couper encore plus d’arbres à brûler pour fournir en charbon de bois tout ce beau monde. Cela est un vrai problème pour l’environnement alors que l’heure et au changement climatique justement causé par la déforestation. Le passage au gaz pour la cuisson semble la meilleure solution. Non seulement le gaz ne pollue pas au même titre que le Makara, mais aussi il ne menace pas les arbres et donc les forêts. Encore que, selon le gérant d’une entreprise de vente de gaz, si ce n’est les cours mondiaux qui sont en hausse, le coût du gaz est abordable au Burundi grâce à l’exonération des droits et taxes en vigueur depuis 2020.