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« Être femme et chauffeur au Burundi, c’est possible ! »

Si chez nous le métier de transport est depuis longtemps associé aux hommes, il y a des femmes pour qui ce travail est une passion. Malgré plusieurs défis auxquels elles font face quotidiennement, voici deux figures féminines qui vivent de ce travail pas toujours facile.

Francine est chauffeur dans une ONG à Bujumbura. Mise à part le fait qu’en 2020, il n’y a plus vraiment de métiers réservés aux hommes seulement, elle a toujours aimé les grosses voitures et a toujours été attirée par la conduite. Pour elle, être chauffeur est un métier comme un autre qui lui permet de gagner sa vie. D’ailleurs, Francine est sur le point d’inscrire légalement son « Association des femmes chauffeurs » qui compte déjà 25 membres.

Nina Ninette, quant à elle, est chauffeur d’un gros bus de la société Memento. Avant de s’y engager, elle se disait prête à tout pour gagner sa vie, et l’idée de devenir chauffeur vient d’un conseil de son papa. Aujourd’hui, elle a su se faire de la place au sein de l’entreprise et elle joue bien son rôle. Bien que ça suscite de la curiosité pour chaque personne qui la voit au volant d’une si grosse voiture, elle s’est familiarisée avec la clientèle de l’entreprise pour laquelle elle travaille.

Eric, a été un jour à bord du bus que Ninette conduit. « C’est un truc de ouf !», a-t-il dit pour exprimer son appréciation pour le travail de Ninette. Quant à Violette, femme commerçante de Ruziba, elle qualifie ce que Ninette fait de très encourageant pour les femmes, qui sont souvent mises à l’écart dans certaines activités.                              

Plus de défis que d’avantages  

Il devrait y avoir quelques mesures d’accompagnement pour encourager la petite minorité de femmes qui font le métier de chauffeur. Malheureusement, il n’y a pas d’avantages spécifiques pour elles. Si les avantages sont minimes, les défis eux sont nombreux.

Si conduire exige une certaine attention et une concentration suffisante, certains hommes se livrent à des commentaires et à des injures gratuits pour ces femmes. Ils les accusent de ne pas être à mesure de bien conduire.

D’autre part, les périodes de menstruations constituent une des moments difficiles pour une femme qui fait beaucoup de kilomètres par jour. À cela s’ajoutent les regards et les critiques de la société du type « Ntamugore wo kuguma ayerera » (la femme ne devrait pas être tout le temps dans la rue).

Un cahier de charge assez lourd et un salaire non-proportionnel…c’est une réalité au Burundi que ce soit pour les femmes ou pour les hommes, mais l’effort physique fournit n’est pas le même.  

Francine qui entend faire de l’association des femmes chauffeurs un succès lance un appel aux femmes burundaises de travailler dur pour se faire une place dans ce métier. 

Charles Ntirampeba, secrétaire général de l’Association des Transporteurs du Burundi (ATRABU) fait savoir que le nombre de femmes qui font ce métier reste minime. Pour stimuler les femmes, l’ATRABU compte faire un centre auto-école pour les femmes afin d’accéder facilement au permis de conduire ainsi que l’augmentation des femmes travaillant pour le compte de l’ATRABU dans les parkings et ailleurs pour mieux se familiariser à l’environnement du transport.

 

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Les commentaires récents (2)

  1. Nina est très courageuse, c’est une jeune femme que je connais bien. Avant Memento, elle conduisait les gros camion de la société SOGEA SATOM lors des travaux de bitumage de la route Ngozi-Gitega. Je l’encourage. Elle fait vraiment l’exception des autres jeunes filles/femmes de sa génération et de son entourage

  2. J’ai entendu dire que la mode des « taxis roses » fait des ravages dans certains pays africains. Il s’agit des taxis conduits par des femmes : au départ, il y a un investisseur qui regroupe ces femmes (souvent des diplômées au chômage), les forme à la conduite et aussi aux méthodes de self-défense (les hommes aux mains baladeuses n’ont qu’à se tenir)… A la fin ces sont des taxiwomen professionnelles qui sillonnent les routes. Elles ont tout ce qu’il faut : le sourire, la politesse, la propreté, la prudence, la facturation correcte… On tombe tout simplement sous leur charme. Paraît-il que ce sont des entreprises qui ne font que du bénéfice. Peut-être que cela existe déjà au Burundi.