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Le ciel sera-t-il plein de femmes que d’hommes ?

Toc ! Toc ! C’est Pâques à la porte. Si la semaine pascale a été riche en soirées de prière et consécration pour certain.e.s, les yeux de notre blogueur n’ont pas cligné une seule petite seconde. Devinez-vous son constat ? Non, on vous laisse découvrir, à travers ces lignes. Que de l’humour !

Ce que je vous raconte concerne les jours de louange et prière, dans nos églises, et surtout les dimanches.

Le dimanche matin, il y a deux types de rassemblements au Burundi. D’un côté, les temples sont pleins à craquer. Les femmes y arrivent tôt, foulard bien noué, Bible bien calée sous le bras, regard tourné vers le ciel. Il y a aussi des hommes, quand même. D’ailleurs, ce sont eux qui dirigent les prières (ceci est une autre histoire). Mais ce qui m’intéresse ici, c’est la portion majoritaire de la foule sur ces lieux, la gent féminine. Elles chantent, elles prient, elles fondent en larmes parfois.

De l’autre côté, un peu plus tard dans la journée, les bars commencent à se remplir, eux aussi. Ce n’est pas l’Esprit Saint qu’on y invoque, mais l’esprit de la sainte mousse, de Primus, d’Amstel ou de Nyongera… Bright n’est que la cerise sur le gâteau.

Alors, on se pose une question simple mais presque théologique : le ciel sera-t-il plein de femmes que d’hommes ?

Si et seulement si…

Parce que si la foi se mesure au taux de présence au culte, alors les femmes ont clairement un abonnement VIP au paradis. Qui pour me contredire ? Elles sont là aux veillées, aux croisades, aux retraites spirituelles, aux prières de 5h du matin, aux campagnes de jeûne de 21, 30 ou 40 jours… Pendant ce temps, leurs maris – ou leurs futurs maris – sont en train de faire une veillée parallèle… à la buvette.

Mais, qui sommes-nous pour juger ? Car après tout, « le premier miracle de Jésus Christ, c’était de transformer de l’eau en vin, non ? À une fête de mariage, s’il vous plaît ! » ; m’a lancé un collègue, quand j’ai posé la question, en marge de la rédaction de ces lignes. Peut-être que si Jésus revenait aujourd’hui, il commencerait par les bars Chez Gérard, juste pour « rééditer » ce miracle si légendaire.

Il faut le dire, les femmes semblent avoir pris les devants dans la vie spirituelle. C’est mon constat, après une petite tournée, à guetter les rassemblements dans les différentes églises. Elles prient pour leurs enfants, leurs foyers, leurs maris… et parfois même pour les maris des autres (attention aux esprits tordus, je n’ai rien insinué ici, hein !). Elles tiennent l’église à bout de bras, à coups de cotisations, de chorales, de collectes et de jeûnes. Elles pleurent pour des bénédictions, pendant que les hommes trinquent à la santé de leur équipe favorite (de foot, basketball ou de politique).

Ironie du sort

Certains hommes, eux, aiment fréquenter les bars où il y a plein de filles. Ça, c’est un autre constat. C’est même parfois le critère numéro un pour certains d’entre eux, quand vient le choix du coin à fréquenter : « Eh frère, là-bas c’est plein de meufs ! » ; glissa un collègue, un jour, alors qu’il nous fallait choisir dans quel coin allions-nous accueillir un visiteur. Mais quand on leur dit d’aller à l’église – un autre endroit, soit dit en passant, où les femmes et les filles sont majoritaire – ils font la grimace. Pourquoi ? Simple : à l’église, il n’y a pas la sainte mousse. Et entre la sainte mousse et la chaire, le choix est vite fait ; n’est-ce pas les (vrais) buveurs ?

Voyons un peu plus loin ; certains avancent une théorie divine : les femmes remplissent les églises parce qu’elles veulent honorer le sacrifice d’un homme. Un homme, ai-je dit ? Jésus-Christ, crucifié pour sauver l’humanité. Seuls les croyants chrétiens vont me comprendre ici. Peut-être qu’elles se disent : « Enfin un homme qui a donné sa vie pour nous, sans rien demander en retour ! ». Un tel homme, ça se respecte, ça se loue, ça se prie !

Maintenant, posons une question (très) hypothétique : et si Jésus avait été une femme ? Est-ce que les hommes auraient pris d’assaut les temples pour lui rendre gloire ? Hmm… difficile à dire. Peut-être que les églises se seraient transformé en fan-clubs géants, style Team Mama Yesu (à l’instar du Barça ou Urunani fan club). Mais soyons honnêtes : entre adorer une femme qui prêche la chasteté et déguster la sainte mousse bien fraîche qui promet le plaisir… leur cœur aurait quand même balancé. Les hommes, surtout burundais, je vous connais.

Mais bon, si le ciel se gagne par la foi, l’humilité et la charité, alors peut-être que les femmes ont une longueur d’avance. Mais si le ciel s’ouvre aussi à ceux qui savent partager un verre avec dévotion, rire sans hypocrisie et pardonner même les dettes (de bière, disons) …, qui sait ? Peut-être qu’au final, Dieu nous surprendra tous. Et que le paradis, ce sera un grand rassemblement où les saintes femmes chanteront, pendant que les anciens « buveurs repenti.e.s » trinqueront… à l’eau, bénite cette fois. Je ne fais que supposer.

PS : vous les hommes qui vous réveillez à l’église et vous couchez au bar et, vous les femmes qui dormez au bar et vous réveillez à l’église, vous êtes tous exclus de ce texte. Sans rancune, c’est ce qu’on appelle « domaine de définition » en mathématiques. Joyeuse fête de Pâques à tous !

 

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