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Dubaï, un piège doré pour les jeunes burundais ?

Vendu comme une terre de réussite, Dubaï attire une jeunesse burundaise prête à tout pour changer de vie. Mais derrière le vernis doré, les migrants découvrent un système qui les endette, les exploite et les brise. Entre agences véreuses, labeur épuisant et désillusions brûlantes, le rêve tourne trop souvent au sacrifice.

« À qui sait attendre, le temps ouvre ses portes », dit un adage. Depuis que filon serbe s’est estompé, d’autres destinations attirent de plus en plus de jeunes migrants burundais à la quête d’opportunités de travail. Une d’elle promet monts et merveilles : Dubaï. Ce nom voltige désormais sur toutes les lèvres comme un papillon doré, attirant la jeunesse burundaise vers les lumières du Golfe, là où l’on croit que les rêves se tissent en fils d’or. Pourtant, pour y parvenir, le chemin se dresse comme un mur récalcitrant, refusant de se laisser franchir.

Un chemin parsemé d’embûches

Le rêve de Dubaï est comme une étoile lointaine, difficilement accessible. Boris (nom d’emprunt), un jeune diplômé de l’Université du Burundi, nous en parle : « l’espoir d’un emploi stable, d’un salaire décent et d’une vie digne pousse beaucoup à tenter le coup ». Pourtant, derrière ces promesses dorées se cache une réalité amère : un véritable sentier parsemé d’obstacles, confie-t-il. Dès le départ, les pièges surgissent. Pour obtenir un visa, un contrat ou même une simple promesse d’embauche, les burundais se retrouve à la merci de certains intermédiaires locaux. Ces derniers exigent souvent des sommes exorbitantes pour offrir la chance aux candidats au départ. Jean (nom d’emprunt), qui vient de passer une année à Dubaï, témoigne : « Dans une agence de recrutement, une certaine somme est prélevée sur le salaire. Et quand on demande pourquoi, on nous explique qu’elle doit être versée à une personne ayant facilité les démarches. » Poussés par l’espoir, beaucoup vendent leurs biens ou s’endettent auprès de proches pour financer le voyage.

Une prison sans barreaux

Arrivés à Dubaï, les emplois ‘’décents’’ promis se transforment en travaux pénibles, souvent sous-payés et de longues heures supplémentaires. Nombreux d’entre eux sont maltraités : passeports confisqués, dépendance totale, ou presque vis-à-vis, de l’employeur, liberté de mouvement réduite, etc. Les conditions de travail et de logement deviennent étouffantes. Le rêve se transforme en cage invisible. Selon un jeune actuellement sur place, le plus cruel des sorts pour les Burundais est d’y débarquer sans maîtriser l’anglais. « Là-bas, le travail est un océan de sueur : ceux qui manient la langue de Shakespeare naviguent vers des postes moins pénibles, tandis que les autres restent croupissent sous une multitude de tâches quotidiennes », explique-t-il.

Des journées interminables

À Dubaï, les travailleurs étrangers s’épuisent sous un soleil impitoyable, comme si le ciel lui-même pesait sur leurs épaules. Leurs corps courbés semblent se fondre dans la chaleur écrasante, chaque pas absorbé par le vacarme incessant des chantiers et des machines. Le temps, ici, ne s’écoule pas : il écrase, étire, fatigue, transformant chaque journée en un long fleuve de labeur. Le jeune Boris confirme que l’une des plus grandes difficultés est l’adaptation au climat. La chaleur dépasse facilement les 40° Celsius. Quand enfin le soleil se couche derrière les tours étincelantes, l’ombre n’apporte pas assez de repos. Les travailleurs regagnent des logements exigus, se partagent des lits superposés, et la nuit devient une autre lutte : matelas fins, chaleur persistante, bruits constants… le sommeil est un vrai luxe. Jean, de retour au pays après une année, résume : les entreprises de Dubaï exploitent sans vergogne les travailleurs étrangers. A un autre ami, désirant partir, il prévient : « Si vous voulez vraiment y aller, réfléchissez bien. Ce qu’on vous raconte au Burundi n’est pas la vérité absolue. Moi-même, je compte quitter l’entreprise pour devenir indépendant ou partir vers l’Europe. »

Que du vent !

Partir travailler à Dubaï peut sembler, de prime abord, comme un Eldorado. Mais bien souvent, cela revient à poursuivre un mirage dans le désert : de loin, tout brille, tout est à portée de main. Mais à mesure qu’on s’en approche, les illusions s’effacent. L’espoir peut se briser en mille morceaux. Comme ces témoignages le montrent, le chemin qui conduit à Doubaï n’est ni pavé d’or, ni couvert de lumière. Avant de s’y engager, il faut écouter la raison et s’assurer qu’on n’a pas été dupé.

 

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