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Crise du carburant au Burundi : et si le commerce transfrontalier était l’alternative ?

Quand la pompe est à sec pendant longtemps, l’ingéniosité prend le relais. Si la pénurie de carburant est une épreuve que connaît le Burundi, elle n’a rien d’unique pour autant. De nombreux pays enclavés, à l’image de la République Centrafricaine, le Burkina Faso, et le Bénin, y ont été confrontés. Leur solution, pour surmonter ce défi, a été le recours au commerce transfrontalier. Et si le Burundi s’en inspirait ? Plongée dans les coulisses d’une stratégie qui a fait ses preuves.

Le libre-échange est, comme le confirment la plupart des économistes, un remède éprouvé contre les pénuries. Lorsqu’un produit vient à manquer sur un territoire tout en étant disponible chez un voisin, le commerce transfrontalier permet de jouer les équilibristes entre l’offre et la demande.

Et pour le carburant, ce n’est pas qu’une théorie. Des études confirment que s’approvisionner chez le voisin est une alternative viable lorsque la pompe nationale est à sec. Cette étude démontre que si l’informalité du commerce transfrontalier des hydrocarbures est présentée comme une déviance sociale par les agents étatiques, elle est en réalité un processus au long cours de négociations au quotidien mis en œuvre par plusieurs marginalisés pour survivre dans un contexte d’incertitudes.

Le droit de survivre

Le Burundi avec cette persistante crise du carburant, est dans ce contexte d’incertitude. Le commerce transfrontalier du carburant, peu importe la manière dont il est acheminé au pays, apparaît comme une approche pragmatique qui pourrait offrir une issue là où d’autres mesures ont échoué.

La RDC a levé toutes les interdictions face à ce commerce pour le Burundi. Alors, pourquoi nous en priver ? Et d’ailleurs, les résultats parlent d’eux-mêmes. Les provinces du Burundi frontalières avec la Tanzanie ou la RDC subissent bien moins les effets de cette pénurie que le reste du territoire. Leur approvisionnement auprès des pays voisins y atténue significativement l’impact de la crise sur le quotidien des ménages, des activités et des entreprises.

Et si on s’inspirait de ce qui marche déjà ? Ceux qui font le commerce transfrontalier du carburant, même s’ils le font de façon informelle, ont bien compris que le libre-échange alloue de manière optimale les ressources rares du pays, et stabilise l’offre en permettant des compensations entre les excédents et déficits des pays.

Face à cette réalité, et pour ceux qui sont réticent à cette alternative, une des choses que le Professeur Léonce Ndikumana a beaucoup rappelé dans la récente conférence débat sur les réformes macroéconomiques de la stabilité du Burundi, c’est d’apprendre des autres pays les expériences qui marchent, d’éviter de faire disparaître le problème alors qu’il est là, et de l’affronter en évitant de commettre les erreurs du passé.

Ne changeons pas les chevaux au milieu du gué

Nous ne plaidons pas pour le commerce illicite ou illégale. Certaines mesures voulant contrer cet échange transfrontalier de carburant illicite. Ne convient-il pas d’accompagner et de l’encadrer et si possible de l’optimiser ce commerce pour en maximiser les bénéfices, le temps que l’approvisionnement du pays revienne à la normale ?

Autoriser temporairement ces échanges transfrontaliers de carburant, pourrait réduire la pression sur le marché local, en permettant à ceux qui le souhaitent d’importer une quantité limitée de carburant et contrôler sa distribution ? Ainsi, la demande intérieure diminuerait, soulageant les stations-services. De plus, la prohibition actuelle n’empêche pas le marché noir, elle le rend simplement plus dangereux et moins contrôlable. Ainsi, un cadre régulé et contrôlé de ce commerce offrirait une meilleure traçabilité.

Il est temps d’embrasser pleinement les opportunités offertes par le commerce transfrontalier. En le facilitant, le Burundi pourrait augmenter la quantité de carburant disponible sur son territoire, stabiliser son économie, et renforcer son intégration régionale. À la fin, c’est le pays et ses citoyens qui en sortiront gagnants.

 

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