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Mariage forcé après grossesse : une vraie union naît de la liberté de choix

C’est un secret de Polichinelle, certaines familles obligent le garçon ayant mis une fille enceinte à l’épouser, parfois sans même consulter les principaux concernés. Cette réalité sociale impose des responsabilités conjugales immédiates, sans tenir compte du contexte, de la maturité émotionnelle des personnes impliquées, ni de leur volonté. Ajoutons à cela qu’une telle pratique n’a aucun fondement légal et peut entraîner de lourdes conséquences.

« Tu l’as mise enceinte, tu dois l’épouser ». Cette phrase, bien connue dans certaines familles et communautés, résonne comme une sentence implacable dès qu’une grossesse hors mariage survient. Contrairement à ce que certains croient ou enseignent encore, le Code des personnes et de la famille du Burundi ne contraint en rien un homme à épouser une femme à la suite d’une grossesse. L’article 87 de ce même code est clair : « Le mariage est l’union volontaire de l’homme et de la femme, conforme à la loi civile. »

Une grossesse, bien qu’impliquant une responsabilité morale ou parentale, ne constitue pas une raison suffisante pour contracter un mariage. Forcer deux personnes à s’unir sous la contrainte sociale ou religieuse, alors qu’aucune base légale ou affective solide n’existe, revient à transformer l’institution du mariage en une punition ou une solution par défaut.

Une pression sociale pesante

Même si cette injonction trouve parfois un écho dans les cercles religieux, elle dépasse largement le cadre de la foi. Elle est le reflet d’une mentalité patriarcale et conservatrice encore profondément enracinée dans notre société. On sacrifie alors l’avenir de deux jeunes, parfois à peine sortis de l’adolescence, sur l’autel de l’honneur familial ou de la réputation.

Dans bien des cas, cette pression aboutit à des unions précipitées, conflictuelles et, hélas, de courte durée. Les jeunes parents, au lieu de recevoir un accompagnement émotionnel, psychologique voire spirituel, se retrouvent liés à vie dans une relation qu’ils n’avaient ni envisagée ni désirée.

Éduquer, accompagner, pas imposer

Pour briser cette norme, il est urgent de sensibiliser les jeunes à la responsabilité sexuelle, à la contraception, mais aussi à leurs droits juridiques et à la liberté de choix dans la vie conjugale. En parallèle, il est essentiel de former les familles à accompagner sans juger, à soutenir sans imposer, et à distinguer clairement assumer la parentalité de forcer un mariage.

Mieux encore, il convient d’impliquer les leaders religieux et communautaires dans un dialogue ouvert sur ces réalités, en prônant l’avenir des jeunes sans travestir ni la foi, ni la tradition.

Un choix, pas une condamnation

Dire non à un mariage imposé, ce n’est pas fuir ses responsabilités. C’est choisir de construire sa vie sur des bases solides, plutôt que de reproduire des schémas malheureux. Une grossesse peut être un tournant, un choc, une prise de conscience. Mais elle ne devrait jamais devenir une chaîne.

Le véritable amour, la véritable union, naissent de la liberté, du respect mutuel et non de la pression sociale.

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