Nicky First Lucien Iteka, âgé de seulement sept ans, originaire de Butanyerera, vient d’étonner le Burundi avec quelques phrases en anglais, c’était lors d’Inkingi z’imbonakazoza Event 2025. Son arme secrète ? Un accent so British qu’il aurait mérité les félicitations du roi Charles III. A voir comment sa vidéo est devenue virale, on ne peut que s’interroger sur l’éducation linguistique au pays de Ntare.
Le lundi 21 juillet 2025 au matin, une vidéo d’un jeune gamin enflamme les réseaux sociaux burundais. On y voit un enfant de sept ans, micro en main, décliner un anglais si parfait et impeccable qu’on se serait cru à Buckingham Palace. Le moment le plus savoureux de la vidéo, c’est quand Nicky, voulant prendre une photo avec le Président, a cru que le protocole des autorités ne comprenait pas son anglais, et a dû traduire sa demande en kirundi, juste au cas où…
Les réseaux sociaux s’embrasent, les cœurs fondent, les egos d’adultes se fissurent, et les universitaires se demandent s’ils n’ont pas raté un épisode. Face à ce tsunami médiatique, je décide de lancer un petit challenge sociologique. Je diffuse la vidéo dans différents cercles en vue de recueillir leurs réactions.
Entre admiration et crise existentielle collective
Les étudiants universitaires, après avoir visionné la vidéo, se sont regardés dans le miroir en se demandant « Avons-nous vraiment étudié, si après des années sur les bancs de l’école avec cours d’anglais réussi, nous sommes incapables de comprendre les propos de ce gamin, ou de tenir deux minutes de conversation en anglais ? ». Les professeurs du Fondamental, eux, ont dû avaler leur fierté : « Comment un enfant de 10 ans parle mieux anglais que nous, qui sommes censés l’enseigner ? ».
À Bujumbura, certains enfants pensaient détenir le monopole de l’anglais “haut niveau” grâce aux écoles privées anglophones qui pullulent dans la capitale économique. Mais Nicky, avec son anglais sorti de Ngozi, a tout simplement pulvérisé ce mythe. « Attends, il vient d’où ? Ngozi ?! Mais c’est la campagne ! ». Les enfants des écoles publiques, pragmatiques, ont conclu : « Forcément, il doit être dans le privé, aucun enfant de l’école fondamentale publique ne parle comme ça ! ». Un parlementaire, ami à moi, s’est étonné : « Ce gamin devrait être à ma place, car dans l’ancien mandat, il y a des réunions à l’étranger que j’ai raté ou que je me suis seulement contenté de frais de mission, faute de ne rien contribuer, car je ne maîtrise pas l’anglais ». Ironie suprême, le président de l’Assemblée nationale vient récemment d’exhorter les parlementaires à apprendre l’anglais, langue devenue incontournable dans le travail institutionnel.
Une récompense et un symbole
Nicky a été récompensé pour son talent. Une récompense qui montre à nous autres burundais que les langues sont un passeport pour l’avenir, et que maîtriser l’anglais (ou d’autres langues) n’est plus un luxe, mais une nécessité. Un système éducatif qui sous-estime l’apprentissage linguistique se prive d’outils essentiels. Un clin d’œil à notre système éducatif burundais qui semble parfois frileux face à ce défi.
Et si Nicky était le déclic ? Son histoire pose des questions cruciales. Pourquoi l’enseignement des langues est-il si négligé dans les écoles publiques ? Comment adapter le système éducatif aux réalités d’un monde où l’anglais domine les échanges économiques, scientifiques, et même culturels ? Et surtout, comment faire en sorte que d’autres Nicky puissent émerger dans le Burundi « profond », sans forcément provenir des villes comme Bujumbura, ou dépendre d’écoles privées coutant les yeux de la tête ?
Nicky a fait bien plus que parler anglais. Il a mis le Burundi face à ses contradictions. Derrière ce geste, il y a un message clair d’encourager un enseignement pratique plus tourné vers la réalité internationale, loin d’un système trop théorique et souvent frileux face aux langues étrangères. Son histoire est un appel à l’action, une invitation à repenser l’éducation pour mieux préparer les générations futures, dans un pays où même le français est en perte de vitesse.