Les berges de la rivière Nyabiraba s’écroulent et emportent des lopins des terres. Certains habitants sont inquiets. D’après eux, la coupure de jeunes eucalyptus y serait pour quelque chose. Reportage.
Au chef-lieu de la commune Nyabiraba de la province de Bujumbura, en face de la direction communale de l’Enseignement, cinq hommes arrosent une pépinière de bambous. D’après Barthélemy Ndarurinze, cette activité est un signe alarmant. Derrière elle se cache une autre réalité. “Les berges de la rivière Nyabiraba sont menacées par le glissement. Ces bambous seront plantés sur les berges afin de les stabiliser”
L’effondrement des berges inquiètent
Ce père de famille est en colère. Son terrain s’écroule de jour en jour, à cause du changement fréquent du lit de la rivière. Cette dernière a récemment emporté une partie de son lopin de terre. Ce qui l’inquiète plus, avec la saison pluvieuse, la situation peut s’empirer. “ Si cette rivière me prend une autre partie, cela me donnera du fil à retordre pour subvenir aux besoins de ma famille”.
Les crues de Nyabiraba s’accompagnent de fortes érosions des berges. Ces dernières s’érodent rapidement, les glissements de terrains s’en suivent et menacent les terres cultivables.
Après la déviation, cette rivière qui délimite les parcelles, explique-t-il, a été généreuse pour certains et injuste pour d’autres : « Elle a chipé une partie des terres appartenant aux propriétaires de l’une berge et l’a annexée gratuitement à ceux ayant des parcelles sur l’autre berge ». Ce qui n’est pas sans provoquer des conflits entre les propriétaires.
À cet instant, un passant curieux s’invite à notre conversation. C’est Claude*, un enseignant dans l’une des écoles de cette localité. Visiblement désespéré, ce dernier laisse entendre que cette initiative ne changera pas grand-chose dans l’immédiat. D’un geste de la main, il nous montre les collines surplombant ce centre. « Regardez ces collines, elles sont dénudées.”
Selon lui, les propriétaires coupent des jeunes eucalyptus communément appelés imishoro ou imigwegwe pour les vendre aux commerçants en provenance de Bujumbura. Ces perches servent d’échafaudages pour ceux qui construisent des maisons en ville.
« Je l’ai dit et j’insiste, enchaîne cet intellectuel, nous subirons des conséquences de l’érosion et des glissements de terrain aussi longtemps que les propriétaires privés sont autorisés à vendre les perches d’eucalyptus comme ils veulent ».
L’administration forestière rassure
Isaac Ntibampate, secrétaire communal permanent, reconnaît que cette commune fait face aux effets de changement climatique. Les berges de la rivière Nyabiraba sont menacées par les eaux de ruissellement des collines Nyabiraba, Raro, Musenyi et Kinyami.
Les dégâts des inondations sont bien visibles. Les berges ont cédé en certains endroits face à la violence des débordements. Cet administratif confie que le projet de stabilisation de ces berges est en cours sous finacement du Pnud. « D’ici peu, les berges seront protégées », ajoute-t-il.
Concernant la coupe des jeunes eucalyptus, cet administratif n’y va pas par quatre chemins. « C’est le ministère de l’environnement qui autorise l’abattage des arbres. La commune ne délivre que l’attestation de propriété.”
Georges Ngendakuriyo, agent forestier de la commune Nyabiraba souligne également que les berges des rivières sont menacées « Nous comptons planter 5000 jeunes plants de bambous pour stabiliser une longueur de 8 km de cette rivière. En outre, le ministère de l’environnement prévoit planter 357 mille d’arbres pour protéger les collines qui ne sont pas boisés.
En ce qui concerne la coupe des jeunes eucalyptus, ce technicien cite le code forestier : « La loi n’interdit pas les propriétaires de boisements privés d’abattre les jeunes eucalyptus. »
Cependant, si la superficie dépasse un hectare, le propriétaire doit avoir l’autorisation du ministère de l’environnement.