Rencontre avec François, le petit « geek » de Makamba

Coqueluche des médias depuis quelque temps, François Tumusavyeyesu, 16 ans, serait un génie en devenir de la tech. VOA Afrique et d’autres médias locaux ont annoncé qu’il aurait conçu une application. Nous sommes allés à sa rencontre au Lycée d’excellence de Makamba. Nous avons même testé son « application » …

C’est au sein du Lycée d’excellence de Makamba (un établissement qui accueille les élèves les plus brillants du sud du Burundi) situé à une dizaine de minutes du centre-lieu de la commune Makamba que nous trouvons François Tumusavyeyesu. 16 ans, élancé, le teint un peu clair, quelques boutons sur le visage, François est un garçon un tantinet timide. Nous le saluons tout en essayant de le mettre à l’aise. Son directeur nous accorde quelques minutes avec lui après nous avoir chanté l’intelligence exceptionnelle de son élève, « toujours premier de la classe ». Il nous exhorte à faire vite, car son protégé doit prendre le déjeuner avec ses condisciples.

Aussi, nous n’y allons pas par quatre chemins : comment a-t-il conçu son application ? « C’est difficile de vous expliquer comment je l’ai fait, en si peu de temps, mais elle est là, vous pouvez aller la voir », répond-il. Il nous envoie sur la page Facebook du même nom. Le directeur qui est resté à côté s’invite dans la discussion : « La voici, tu vois que je l’utilise déjà ». 

Le directeur ne tarit pas d’éloges : « Oui, ce que vous avez entendu dans les médias à propos de François est vrai. C’est un élève brillant. Et il n’est pas le seul. Il y a un autre élève très brillant en mathématiques, un vrai Thalès ». Il nous explique que François est un passionné de l’informatique. « Grâce à sa curiosité, il a pu acquérir des connaissances dans le but de créer ladite application. Il l’a appelé Frasasu, un acronyme de ses deux noms François et Tumusavyeyesu ».  

Frasasu : un bébé aux géniteurs inconnus ?

De retour à Bujumbura, nous sommes émerveillés et en même temps curieux de voir comment fonctionne le « chef d’œuvre » de François Tumusavyeyesu. Nous décidons donc de l’essayer. Première étape : nous devons la télécharger sur son lien ici : https://appsgeyser.io/16726666/frasasu.

Nous sommes tout de suite étonnés d’être accueillis sur un site qui nous invite nous-mêmes à créer notre propre application. Qu’à cela ne tienne. Nous téléchargeons le fichier « apk » et l’installons sur notre téléphone. Malheureusement, impossible d’utiliser l’application sans passer par le mode « démo ». Nous essayons le mode proposé et parvenons à accéder aux options de  l’application : le constat est que Frasasu, l’application du jeune homme, semble avoir les mêmes features que Telegram. C’est bel et bien ce qu’avait annoncé VOA Afrique ici : « Burundi : un étudiant de 16 ans a construit une application qui fonctionne comme Telegram ».

Intrigués, nous décidons de revenir sur nos pas pour voir si la promesse vendue par le site de créer sa propre application est réelle. Imaginez notre étonnement, quand, 15 minutes plus tard et sans être particulièrement très geeks, nous avons notre propre « application », qui semble être le clone parfait de Frasasu : https://appsgeyser.io/17130593/AppTestYaga 

Frasasu et notre « application » mis côte à côte

Après ce test, tout porte à croire que Frasasu n’est pas une application conçue entièrement par François Tumusavyeyesu. Nous décidons donc de la soumettre à un expert.

« Ce n’est pas exactement sa propre application mais  il faut l’admettre, il est passionné » 

Après avoir testé Frasasu, G.L, notre expert, dit à propos de François Tumusavyeyesu et Frasasu :« Ce n’est pas exactement sa propre application mais  il faut l’admettre, il est passionné ». 

Même si le jeune « geek » n’a pas conçu cette application (Frasasu ) au sens propre, cet expert de renom promet d’offrir un stage de quelques semaines à François Tumusavyeyesu dans la conception d’applications, peut-être parce qu’il a réalisé le potentiel que le petit possède : « Nous aimerions bien l’accueillir pour quelques semaines afin qu’il fasse un stage accéléré pour créer des applications. ».

Un autre informaticien à qui nous avons soumis les deux applications nous a mis en garde. Etant donné que le site qui a aidé François (et nous) à créer nos applications ne donne pas d’informations sur l’utilisation des données de ses utilisateurs, ces « applications » sont à installer à vos risques et périls.