Depuis le mois de mars de l’année dernière, les eaux du lac Tanganyika sont montées d’un cran. Un désastre qui frappe durement les propriétaires en ces temps où la nature a décidé de reprendre ses droits.
De Kibenga à Kajaga, le lac Tanganyika n’a cessé de reconquérir son espace que l’activité anthropique lui avait pris. Des maisons d’habitation inondées, avenues et routes devenues impraticables sans oublier les lieux de loisirs fermés, tel est la situation qui prévaut sur les rives du Tanganyika actuellement. Et pour cause, les eaux du lac ont débordées sur plus d’une vingtaine de mètres. A Kibenga rural, certains habitants ont dû quitter les lieux depuis une année déjà. Le bar Lacosta s’est transformé en décombres flottantes. A côté, les maisons d’habitation sont aussi sous les eaux. Ceux qui résistent encore à Dame Nature essaient tant bien que mal d’endiguer l’avancée des eaux avec des sacs de sable. Mais de toute évidence ils ne vont pas tenir longtemps.
Ce triste scénario, Claudette, une des habitantes de cette localité, le vit impuissamment. Devant son portail, quelques manœuvres tentent en vain de canaliser l’eau du lac, celle-ci revenant sans cesse en sens inverse vers sa maison. C’est une impasse. A moins de reconstruire la maison sur pilotis (avec une barque pour l’atteindre), il difficile d’imaginer comment cette femme pourrait rester dans son habitation.
Des affaires qui tombent à l’eau
Depuis que la nature a repris ses droits, c’est un combat sans répit qu’Omar Manirambona dit Pappy, patron de Safi Beach, mène au quotidien pour essayer de garder son joyau (ou ce qu’il en reste) intacte. Depuis que le niveau des eaux a monté, ce quadragénaire dit dépenser pas moins de 45.000 Fbu par jour pour l’entretien de son espace. « A côté des employés permanents, je dois payer huit journaliers pour le dragage du sable afin de faire barrage à l’assaut des vagues ». Au de-là de ces dépenses supplémentaires, les clients sont de plus en plus rares. Il se rappelle avec nostalgie de l’affluence des clients pendant les weekends : séances photos de mariage, fêtes d’anniversaires, des concerts… tout cela, c’est du passé. Un champ dévasté, voilà à quoi ressemble l’ancienne plage la plus fréquentée. « C’est par passion que je continue à faire tourner l’affaire. Les autres ont fini par jeter l’éponge », confie-t-il. Malgré cela, Pappy continue de payer les taxes municipales. Un fardeau supplémentaire quand, dit-il, on peut passer un mois sans avoir de clients. Son souhait : « Que la Mairie de Bujumbura soit indulgente et qu’elle comprenne notre situation pour revoir à la baisse les impôts et taxes ».
Aucune lueur d’espoir ne pointe à l’horizon car, selon les prévisions pluviométriques, Bujumbura et ses alentours connaitront de fortes pluies jusqu’au mois d’avril. De quoi inquiéter les riverains sur lesquels la nature a décidé de verser son courroux.