Une lettre à mon père : « Il est trop tard pour jouer au papa que tu n’as jamais été! »

Parfois, la vie de couple promet monts et merveilles. Au départ, nous nous croyons dans un conte de fée. Des débuts palpitants, des promesses qui souvent finissent en trahison. Ceci est une histoire d’un père qui a laissé tomber sa petite famille, pour aller voir ailleurs. Sa fille a décidé de crier son amertume dans cette correspondance.

Cher papa, 

Mama m’a tout raconté. Elle m’a raconté comment vous vous êtes rencontrés. Et dans le sillage de cet amour, je suis née. Cet amour qui n’a pas fait long feu, puisqu’à mes sept ans, je ne t’ai plus revu au foyer, tu es parti pour refaire une autre vie, à nos dépens. Depuis, t’es devenu Papa Arnaud, mon demi-frère.

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, sans ta présence. Enfant que j’étais, je n’ai jamais cessé de demander à ma mère où t’étais parti. Résiliente qu’elle est, elle me disait que tu allais revenir tantôt.   

« Trouve-toi un autre père »

Octobre 2014, jeune fille dans la fleur de l’âge, j’entrais en 9eme année. Pendant ce temps, ma mère tirait le diable par la queue. Je t’ai appelé pour te demander de l’argent pour le minerval. Ta réponse a été sidérante, foudroyante : « Tu n’es plus mon enfant, trouve-toi un autre père ». Puis tu as raccroché après des mots  aussi blessants, indignes d’un  vrai père. Ces mots, peut-être que tu les as déjà oubliés, vu que cela fait aujourd’hui huit ans. Mais moi je m’en rappelle, comme si c’était hier. Depuis ce jour-là, c’est le désarroi. Le lendemain, je suis allée chez mon oncle pour lui demander réellement si je suis ta fille, mon très cher oncle que j’aime bien, m’a rassuré qu’ils n’ont pas besoin d’un ADN vu que je te ressemble tellement.

Papa, maman m’a tout dit

J’ai eu tant besoin de toi dans mon adolescence mais t’étais pas là. Chaque fois que mes copines me montraient les trucs que leurs pères leur avaient acheté, j’avais des larmes aux yeux. J’aurais tellement aimé être la fille à son papa, mais ça n’a jamais été le cas.

J’ai grandi avec un grand vide dans mon cœur. Tout ce que je faisais, même dans les pires épreuves, je le ramenais sur toi, pensant que si tu avais été là, je n’aurais jamais échoué dans ma vie. Je t’imaginais comme une roue de secours, un gage d’espoir au milieu de la nuit.

J’avais besoin d’une épaule sur laquelle je pouvais m’appuyer. J’avais besoin d’entendre ta voix me dire : « Allez, vas-y ma fille tu vas y arriver ». Mais non, tout cela n’était que fiction.

A cause de toi, j’ai horreur des hommes depuis mon adolescence. Ma vie amoureuse était un échec jusqu’au jour où j’ai rencontré quelqu’un qui m’a offert toute l’affection masculine que tu ne m’as jamais donnée.

Aujourd’hui je suis sur le point de me marier. Toi tu es là, demandant à tes sœurs comment vont les démarches.

« Ce n’est pas aujourd’hui que je vais devenir ta fille »

Cher papa, vas-tu oser venir réclamer la dot ? Diras-tu, pendant les cérémonies que tu m’as élevée, que t’as payé mes études ? A ce que je sache non. Ai-je eu ton éducation ? Excuse-moi Papa Arnaud, comme tu le souhaitais, tu n’es plus mon père.

Maman m’a toujours dit : « Umwana akuze araryoha », maintenant je peux le confirmer.

Même si mes tantes essaient de me convaincre que tu restes mon papa malgré tout, Je suis navrée faux papa, si tu viens à ma dot, ce sera en qualité de simple invité. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais devenir ta fille.

En passant, arrête de m’envoyer des textos comme quoi tu m’aimes. J’ai grandi sans toi, aujourd’hui j’ai 25 ans et j’ai eu mon diplôme sans aucune aide de ta part.

Celle qui ne sera jamais ta fille