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La fabrique des médecins : l’art de la pratique médicale

Dans sa formation pratique, l’étudiant en médecine accumule des responsabilités au fur et à mesure qu’il avance. Le suivi intégral des patients hospitalisés est l’une des tâches principales de l’étudiant interne (en sixième année). Dans ces lignes, un interne nous embarque dans son quotidien au chevet des malades. 

Connaissez-vous les fondamentaux d’une consultation médicale ? Je vais vous les donner en quelques mots. Le médecin commence par vous écouter attentivement, pour connaître vos plaintes. Ensuite, il procède à un examen minutieux de votre corps. Puis, il peut vous recommander de réaliser quelques examens d’analyse. Après quoi, il vous prescrit quelques médicaments, conseils à l’appui.  

Toutes ces étapes font partie de la pratique médicale. Un art que le médecin apprend par des cours théoriques et des stages pratiques au chevet du malade.   

Arrêtons-nous sur ce deuxième aspect de la formation pratique. Nous allons nous intéresser au stage d’internat : la dernière année d’apprentissage avant de devenir médecin.  

Peut-être, vous demandez-vous qui je suis pour vous plonger dans cet univers de la formation médicale. Eh bien, la réponse est simple : je suis dans ce moule depuis six ans. Je suis actuellement en fin d’internat. J’espère gagner votre amabilité pour me suivre dans ce récit du suivi des malades hospitalisés par le carabin, futur médecin. 

Connaître tous ses patients sur le bout des doigts

Au cours des visites médicales quotidiennes, nous, les internes, prenons les devants pour présenter les malades hospitalisés aux seniors (les patrons). Ces visites ont de quoi provoquer des palpitations, un véritable baptême de feu pour l’interne. Nous ne sommes jamais loin des réprimandes : « Mince ! Tu n’as aucune excuse ! Tu dois bien maîtriser tous tes malades. Tu n’en as que douze au total. Bientôt, tu devras suivre tous les malades d’un hôpital, seul. », vociférait un jour mon patron. Cela parce que je bafouillais au lieu de répondre spontanément à une question sur un patient. 

Pendant la visite, le cerveau d’un interne est constamment en alerte. La maladie dont souffre son patient devient un sujet qu’il doit maîtriser par cœur. Sinon, il doit s’attendre à ce genre de remarque : « Depuis tout ce temps qu’il est là, tu n’as pas encore bossé sur sa maladie ? » 

Le trac au quotidien

Vous l’avez bien compris, la visite peut être une expérience embarrassante dans certaines situations. L’interne peut avoir passé toute une nuit mouvementée à la garde, et le lendemain, atterrir directement dans son service pour la visite sans s’y être préparé. 

De la peur couplée au respect envers le patron alimente le trac. Celui qui a une hypersudation ne manque pas de mouiller sa blouse blanche. Un autre se voit pris de bégaiement. Sans oublier le trou de mémoire qui est toujours prêt à surgir.

Un jour, un professeur m’a raillé pour mon stress. Il m’a dit sur un ton ironique : « Tu devrais te réjouir et profiter du savoir que je vais te transmettre. Mais au lieu de ça, tu es tout nerveux. » 

L’interne travaille sous pression. Comme notre travail n’est pas du tout rémunéré, nous brûlons des calories difficilement récupérables. Résultat : la majorité des internes sont secs. 

Malgré ces difficultés, le suivi des patients en hospitalisation est très enrichissant. Il rapproche l’interne de ses patients. C’est une expérience ultime qui l’initie à l’art de la pratique médicale. Ainsi, si l’interne accomplit à merveille son travail, il gagne en confiance en soi et ses patients sont bien soignés.

 

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Les commentaires récents (1)

  1. Il faut insister sur l’exploitation faite envers ces internes malgré la vie chère de Bujumbura! Surtout ceux de l’Université de Ngozi qui font les stages à l’hôpital militaire de Kamenge!