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Dieu et nos pénuries : « Priez et vous serez pardonnés ! »

La pénurie de carburant, du sucre, du charbon affecte toutes les catégories sociales. Que l’on soit pauvre ou riche, homme d’affaires ou enseignant, nous sommes tous contraints de chercher discrètement ces produits partout. Des produits qui sont devenus rares et à des prix inimaginables.

Nier l’existence d’une pénurie générale et continue, la pire que le Burundi ait jamais connue, surtout en ce qui concerne les produits de première nécessité, revient tout simplement à refuser de reconnaître la réalité. Cela devient encore plus grave lorsque cette négation provient de ceux-là mêmes qui sont censés trouver des solutions. 

Mais cela n’est pas le sujet principal de cet article. Ce qui est intéressant à constater, c’est la réaction de certains Burundais face à cette pénurie, peu importe les véritables causes qui l’ont provoquée. En fait, il s’agit de nombreuses réactions qui, évidemment, expriment leur indignation face à cette pénurie de plus en plus récurrente et insupportable.

Un châtiment divin ! 

Un simple balayage des réseaux sociaux révèle que la pénurie de carburant occupe une grande partie des espaces et des statuts des usagers. Parmi les explications données, on retrouve également celle qui attribue cette situation inédite au châtiment divin.

Deux catégories de personnes ont recours à cette interprétation : les chrétiens qui, comme toujours, croient que les Burundais, nous sommes essentiellement des pécheurs, nous livrant constamment aux tueries, à la corruption et aux injustices de tout genre.

Cette croyance considère toute catastrophe naturelle ou pas (inondation, guerre, famine, maladie, chute dans les escaliers, etc.) comme un signe de la colère de Dieu. Une punition divine pour un peuple fainéant qui aurait mal géré la cité de Dieu. Cette catégorie de gens, on la retrouve dans les bus de transport en commun, dans les files d’attente, chez un détaillant de charbon dans le quartier ou pour acheter un kilogramme de sucre, dans les salons de coiffure et à bien sûr à travers Facebook.

Mais attention, il y a quelque chose de rationnel dans cette interprétation, car les lois qui régissent le fonctionnement des sociétés, même sur le plan économique, peuvent parfois ressembler aux lois divines. Lorsque nous vivons au-dessus de nos moyens pendant une longue période, nos ressources financières s’épuisent. En conséquence, nous nous retrouvons dans une situation où nous n’avons pas d’argent pour acheter les biens essentiels. Pour essayer de nous en sortir, nous nous endettons au point où nos créanciers refusent de nous prêter, puisque nous ne sommes plus solvables. Ainsi, la gestion de la cité de Dieu dont font référence les premiers, devrait commencer par soi.

En attendant…

Cette explication, qui attribue la responsabilité à Dieu pour des catastrophes provoquées par les hommes, n’a pas de limites de temps. Personne ne sait quand Dieu voudra bien mettre fin à son châtiment, car « seul Dieu le sait ».

En attendant, selon cette catégorie de croyants, il faut s’en remettre à Dieu, « notre Saint Sauveur » et agir pour mériter son pardon. C’est ce que font d’ailleurs quotidiennement les milliers de Burundais et Burundaises qui remplissent les églises et chambres de prières, implorant à en perdre haleine, le pardon de leurs péchés. Est-ce insensé ? Pas nécessairement, car ils se sont tournés vers leurs élus pour trouver du soulagement, mais en vain.

Cependant, il n’y a qu’une voie pour mettre fin aux pénuries : travailler davantage, consommer moins et épargner. Et surtout, nous devons nous adresser à ceux qui avaient promis des solutions à la pénurie du carburant. A ceux qui tiennent la barre d’en tirer donc les conséquences !

 

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Les commentaires récents (1)

  1. Les Burundais sont devenus fatalistes. Ils s’en remettent à Dieu en tout temps et toutes circonstances, c’est une forme de déresponsabilisation et de fatalisme qui est peu présente chez leurs voisins Rwandais. On a aussi l’impression qu’ils sont presque tous devenus des prédicateurs évangélistes. Bizarre!