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Commerce : les Massaïs font des jaloux

Bastonnades, confiscation de leurs marchandises, emprisonnement, … voilà ce que vivent au quotidien les vendeurs ambulants à Bujumbura. Pourtant, des étrangers exerçant le même métier semblent n’avoir aucune contrainte. Actuellement, les Massaïs n’hésitent pas à étaler au bord des avenues leurs produits constitués exclusivement de sandales, ce qui agace les nationaux. 

Des images montrant le mauvais traitement que subissent les vendeurs ambulants burundais ne cessent d’inonder les réseaux sociaux. Beaucoup se souviennent encore de ces images montrant des policiers, les uns en tenue de travail, d’autres en civil en train de piétiner une femme et ses tomates. Et ce, sans pitié. Certaines victimes ne parviennent même plus à retrouver le moral et dépriment suite à la confiscation de leurs marchandises 

Cependant, ce terrain glissant pour les Burundais est plus que favorable pour les étrangers. Aujourd’hui, d’autres types de vendeurs ambulants sont omniprésents dans les rues de Bujumbura. Les Massaïs kényans, avec leurs tenues vestimentaires spéciales, et leurs sandales au bras, sont désormais partout : devant la clôture de la Poste, non loin du building en verre appelé communément ‘’Kuri Lumitel’’ ou au Palais des Arts, près des parkings des véhicules reliant Bujumbura et Gihanga. Ils sont aussi tout autour de l’ex marché central de Bujumbura, dans les parkings, près de la Place de l’Indépendance. Le soir venu, ils quittent la ville pour les quartiers. Ils sillonnent les bars, restaurants, etc. Ils n’hésitent même plus à s’introduire dans les ménages. 

Un « deux poids deux mesures »

Quand ils croisent la police, ils ne sont pas inquiétés, contrairement aux jeunes burundais qui font le commerce ambulant des chaussures, des draps, des pantalons, des ustensiles de cuisine, etc. 

Désiré est un jeune homme qui confectionne des sandales. Il n’a pas encore oublié le jour où il est tombé dans les mains des policiers, tout près de l’ancien marché central alors qu’il allait remettre deux paires de sandales à son client qui travaille dans une banque. « En fait, je n’étais même pas en train de vendre. J’avais juste un petit sac à dos. A l’intérieur, il y avait des sandales. Alors, les policiers m’ont obligé de l’ouvrir. Quand ils les ont vus, ils m’ont accusé d’être un vendeur. Ils m’ont giflé et ont menacé de m’emprisonner », se souvient-il. Après plusieurs supplications, poursuit-il, un des policiers a accepté qu’on traite son cas à l’amiable. « Et je leur ai laissé 30.000 Fbu pour pouvoir récupérer mes sandales », indique-t-il. 

Aujourd’hui, Désiré, 27 ans, déplore le fait que les Burundais ne sont pas autorisés à exercer le commerce ambulant de chaussures au centre-ville. « C’est vraiment injuste. Et je ne pense pas que ces étrangers paient l’impôt ou les taxes », se lamente-t-il.

Les vendeuses ambulantes, quant à elles, n’en reviennent pas tout simplement. Elles, elles doivent jouer constamment à cache-cache avec la police. Elles sont obligées de rester aux aguets, de maintenir leurs paniers sur la tête, de bien ajuster leurs pagnes, afin de se sauver à la moindre présence ou passage d’un pick-up ou d’un policier. A défaut de ça, c’est le calvaire.

Pour Cassilde, une mère de quatre enfants, cela dépasse l’entendement. « Comment est-ce que des étrangers travaillent sans aucune entrave alors que nous, nous sommes tout le temps persécutées, malmenées ? Qu’on nous dise la vérité. Ça fait mal quand on voit un Massaï étaler ses produits à l’aise, au centre-ville tandis que nous, Burundais, on piétine ou confisque nos marchandises. » 

Pour elle, il s’agit ni moins ni plus, d’un deux poids deux mesures.  « Certes, les Burundais sommes hospitaliers, mais s’il faut laisser les étrangers tranquilles, il faut aussi le faire pour les Burundais. Vaux mieux qu’on fixe une taxe à payer et qu’on nous laisse faire notre travail », plaide-t-elle. 

 

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