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Covid-19 : « Tout le monde me fuit comme si je suis le virus en soi »

Alors que la discrimination et la stigmatisation liée au Covid-19 que subissent nos frères africains se trouvant en Chine font la une de l’actualité, au Burundi, les personnes testées parce que ayant été en contact avec les malades et ceux qui sortent de la quarantaine subissent eux aussi une stigmatisation qui risque de nuire au contrôle du Covid-19 dans le pays.

Des regards en coin, des réflexions désobligeantes, un refus de lift, parfois même des gestes de recul au bureau, dans la rue ou dans la famille…, la stigmatisation des personnes-contacts ayant été testés au Covid-19 ou confinés en quarantaine, est une réalité.

Aline* est une infirmière à l’hôpital Bumerec. C’est l’hôpital où a été diagnostiqué le premier cas de Covid-19 au Burundi. Ayant été désigné comme personne contact, sa famille et son entourage le fuit comme la punaise de lit, alors que le test de dépistage est revenu négatif deux fois de suite. Avec amertume, elle raconte : « Le voisin qui me donnait un lift ne le fait plus. À la maison, tout le monde me fuit, car ils me voient comme le virus en soi, arguant la fiabilité des tests de dépistage ».

Même son de Cloche pour Floribert* qui travaille dans une ONG, et qui vient de passer 14 jours en quarantaine dans un confinement à Kirundo. De retour du Rwanda, les violences verbales et propos stigmatisant, voire des actes discriminants, sont son pain quotidien. « Au bureau, personne ne m’approche même pas pour me saluer de peur que je les contamine alors que je vais très bien. Quand je monte dans le bus de service, tout le monde sort et cela me fait sentir très mal ». Pour justifier cette attitude, Claude son ami et collègue de travail explique qu’un confiné sans être dépisté est un malade jusqu’à preuve du contraire, donc, impossible de l’approcher ou de l’inviter au bar pour un verre comme autrefois.

Risque

« La recherche, l’identification et le suivi des personnes-contacts au Covid-19, se poursuivent ». Une phrase qu’on retrouve dans les communiqués du ministre burundais de la Santé, depuis que les premiers cas de Covid-19 ont été enregistrés au Burundi. Sauf qu’avec cette stigmatisation, les porteurs silencieux ayant été en contact avec les malades du Covid-19 peuvent ne pas se prononcer en cas de maladie, sans oublier les personnes contacts qui peuvent cacher la maladie ou refuser le dépistage pour éviter cette stigmatisation. Pire, la peur peut se justifier quand on apprend que deux personnes, un père et son fils, auraient même été assassinées à Kirundo parce que soupçonnées d’avoir ramené le coronavirus de l’étranger. 

Selon Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, il faut éviter cette stigmatisation et cette discrimination, car cela peut entraîner des difficultés à identifier et à contrôler la propagation du Covid-19.

Vu les dégâts humains et économiques, il est compréhensible d’être alarmé par le coronavirus. Mais aucune crainte ne peut excuser les préjugés, la stigmatisation et la discrimination voire l’assassinat de toute personne, ayant été contact ou non, ou une personne qui est passée par la quarantaine. Pour paraphraser le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, l’heure est à la solidarité, pas à la stigmatisation. #JeNeSuisPasUnVirus.

* : nom d’emprunt

 

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Les commentaires récents (2)

  1. Le hashtag #JeNeSuisPasUnVirus est cool. Non, Non à la stigmatisation en ces temps de Covid-19. Pour paraphraser Martin Luther King, « nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères en ces temps de Covid-19, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots ».

  2. Jew ico mbona nuk imanza zose zobanz guhagarikwa muntumber yo kwikingira ico caduka.kand tutibagigwa gukurikiza impanur baduhaye.murakoze