L’éducation sexuelle des jeunes reste un défi pour les parents. Le tabou sans être totalement brisé est entrain de devenir un sujet plus ou moins abordable. Les barrières souvent instaurées par la culture tombent petit à petit grâce entre autres à l’action des pairs éducateurs.
Ces derniers sont appréciés et écoutés par les jeunes du fait de leur précieuse écoute et leurs conseils sans jugements, leurs multiples centres d’intérêt communs. Hélas, ce travail n’est pas de tout repos, comme nous raconte Gérard Niyonkuru l’un de ceux-ci travaillant dans un CDS Amis des jeunes à Gitega.
Le début de son aventure commence dans le cadre du projet Menya Umenyeshe en 2016 et se révèle déjà compliqué. « Quand on a commencé à enseigner aux jeunes de notre CDS ADJ à Rutegama, nous avons reçu des retours négatifs de la part de la communauté car ils ne comprenaient pas ce qu’on faisait. », confie M. Niyonkuru. Des débuts difficile car selon la communauté, enseigner l’éducation sexuelle aux jeunes, c’était les pousser à la précocité sexuelle et à la délinquance. Heureusement les parents des jeunes qui avaient acceptés d’envoyer leurs enfants ont été les porte-voix dans la communauté quand ils ont remarqué le changement de comportement de leurs enfants.
Des amis plus que des éducateurs
Concernant la stratégie employer avec les jeunes, l’éducateur explique qu’ils sont avant tout leurs amis : « on les écoute et on ne les juge pas : on répond à leurs questions le plus simplement possible et ça leur permet de s’exprimer librement ce qui n’est pas toujours possible à la maison. ». C’est sans doute cela, selon Gérard Niyonkuru qui fait que certains les écoutent plus qu’ils n’écoutent leurs parents. Et ce n’est pas tout, ils apprennent également à initier des activités génératrices de revenus et à confectionner des serviettes hygiéniques entre autres pour leur éviter des comportements à risque dus à la précarité financière. « L’impact est au-delà de nos espérances : non seulement les jeunes adhèrent désormais massivement à nos séances hebdomadaires mais les parents aussi changent d’attitude envers leurs enfants selon les témoignages des enfants. »
De plus dans les écoles où des séances d’éducation sexuelle sont dispensées, il y a, selon les témoignages des éducateurs, une nette évolution avec moins d’abandons scolaires dus à des grossesses non désirées grâce aux connaissances acquises.
Comme quoi les pairs éducateurs constituent un point incontournable de l’éducation sexuelle complète et un support important aux parents et aux communautés en général pour une meilleure gestion de la santé sexuelle et reproductive des populations.