« Quand je rêve d’un serpent, je ne ferme plus l’œil de toute la nuit », « je suis terrifiée quand je dois parler en public », « je suis tout en sueur et j’ai envie de vomir quand je monte en étage et que je regarde à travers la fenêtre ». Certains se reconnaîtront dans les situations qu’on vient de décrire. La phobie pourrit la vie quotidienne ou professionnelle de beaucoup de gens, mais heureusement on peut s’en débarrasser. Cette bloggeuse vous explique comment.
L’autre jour, une amie me disait qu’elle ne supportait pas la vue de blattes (ibinyenzi). La simple vue de ces insectes suscitait chez elle des crises d’angoisse à tel point qu’elle pouvait passer des nuits blanches quand elle en soupçonnait la présence dans sa chambre. Malgré le fait que la peur soit une émotion normale chez l’être humain, quand celle-ci vous empêche de vivre normalement, à cause d’un petit insecte de surcroît, ce n’est plus normal du tout. C’est ce qu’on appelle souffrir d’une phobie.
Qu’est ce qu’une phobie ?
Phobie vient du mot grec « phobos » qui signifie peur ou terreur. En psychiatrie, la phobie se définit comme une peur obsédante angoissante et irréaliste qui survient lors d’une situation particulière ou lorsque l’individu est en contact avec un objet précis. Le phobique ne se sent plus en contrôle de la situation présente et il a l’impression qu’il va perdre la raison. Paul Denis, psychanalyste français dans son ouvrage Les phobies, classe les phobies en plusieurs catégories : les phobies sociales (peur de parler en public, de s’affirmer, etc.), l’agoraphobie (peur des lieux publics, des espaces ouverts et de la foule) et les phobies simples qualifiées également de spécifiques qui sont déclenchées par des objets externes (peur des animaux, de certains éléments de l’environnement comme les orages, les lieux élevés, les transports, etc.).
Les émotions ressenties face à une phobie sont par exemple l’anxiété et la peur qui peuvent se manifester par un état de tension, d’irritabilité et d’appréhension, une augmentation du rythme cardiaque, la sudation (transpiration abondante), la pâleur du visage, la tension musculaire et des serrements au niveau de l’estomac.
D’où viennent donc les phobies ?
Selon le docteur Hans Heyek, chercheur en psychologie behaviorale, plusieurs de nos phobies dériveraient d’une réaction instinctive de peur qu’on retrouvait chez nos ancêtres lorsqu’ils devaient affronter leur environnement naturel : les espaces ouverts où ils n’avaient aucune protection face à un ennemi ou un animal dangereux, le noir à cause de la possibilité d’une attaque des ennemis au cours de la nuit,… Dans ce cas, pourquoi la plupart des gens ne développent pas de phobies alors que d’autres en sont atteints ? Selon lui, certains enfants naissent plus craintifs que d’autres et peuvent être plus sensibles à certains stimuli. La phobie peut aussi découler des expériences traumatisantes vécues en bas âge. C’est effectivement ce que raconte Yvette 28 ans : « Un jour quand j’avais 6 ans, j’ai été réveillé par quelque chose qui descendait le long de ma jambe. En soulevant les draps j’ai découvert un petit serpent qui s’y était faufilé. J’ai hurlé de toutes mes forces et depuis ce jour-là, j’ai une peur viscérale des serpents ».
Heureusement, on peut en guérir…
Le traitement des phobies peut être soit médicamenteux, soit psychologique. Les traitements médicamenteux font appel aux antidépresseurs qui peuvent être efficaces dans le traitement des divers symptômes associés aux phobies sociales et aux attaques de panique. La psychothérapie peut s’avérer efficace aussi dans le traitement des phobies, notamment la thérapie cognitive et comportementale. La première est une intervention psychologique spécifique, efficace dans le traitement des phobies sociales et des troubles de panique. Elle vise à modifier la façon de penser d’une personne tout en l’aidant à mieux comprendre les croyances de base qui sous-tendent ses peurs. La thérapie comportementale, quant à elle est efficace contre certaines phobies spécifiques. Les personnes qui en sont atteintes sont exposées graduellement à la situation qu’elles craignent pendant qu’on leur enseigne des façons d’y faire face et de gérer l’anxiété qu’elle génère. Parler avec ses proches d’une peur spécifique peut également contribuer à calmer l’anxiété intense qu’elle fait naître.