Une allure aristocratique, des yeux inoubliables et un charisme débordant, le prince Louis Rwagasore était né pour la grandeur. Mais ce prince de sang royal qui nous quitta le 13 octobre 1961, n’a jamais présenté des intentions de régner et que même s’il l’avait voulu, cela eut été impossible au vu de la tradition? Explications.
Illustre membre du panthéon des héros d’indépendance des pays africains, le prince Louis Rwagasore partage la même notoriété qu’un Patrice Lumumba ou un Amilcar Cabral. Contrairement aux autres héros d’indépendance, il était né prince dans un pays sous tutelle mais gouverné comme une colonie.
Fils du Mwami Mwambutsa IV Bangiricenge et de la Reine Thérèse Kanyonga, le Prince Louis Rwagasore voit le jour à Gitega le 10 janvier 1932 mais malgré cette position enviable, ce prince à la beauté d’Apollon sera l’ultime figure de l’émancipation du peuple Burundais. Charismatique, excellent meneur d’hommes, Rwagasore n’a jamais vraiment voulu être à la tête d’un mouvement ou du royaume. Sa cause principale était de libérer son peuple du joug colonial le plus rapidement possible.
Il ne pouvait être roi
Selon l’historien et chercheur Jimmy Elvis Vyizigiro, « Rwagasore n’a jamais présenté l’intention de devenir roi. D’ailleurs, il ne le pouvait pas. Lorsqu’un prince obtenait la charge d’une chefferie, il ne pouvait plus prétendre à la tête du royaume. Or, en essayant de l’éloigner des affaires publiques, le gouvernement belge de l’époque l’avait nommé chef du Butanyerera, situé à Kayanza actuel mais qui se trouvait à l’époque à Ngozi ».
Autre chose, nous dit Jimmy Elvis Vyizigiro : « Selon la tradition, devait être roi un des plus jeunes fils du Mwami or Ludoviko était l’aîné de la famille. Le trône lui était donc interdit ». Ce n’est pas tout. « Politiquement aussi, Rwagasore n’était pas le président de l’UPRONA lors de la création du parti. Il assurait le rôle de conseiller général », poursuit le jeune historien.
Rwagasore s’était juré de servir son peuple. Une décision qui paraissait un contre-sens du moment que, étant fils du Mwami, le peuple burundais était censé le servir et non le contraire. Mais qu’importe s’il régnait ou pas, cela ne l’intéressait guère. Les coopératives dont il sensibilisait la création, les campagnes et les visites à l’étranger représentaient son royaume à lui.
Le prince Louis Rwagasore reste un personnage paradoxal dans l’histoire du Burundi. Prince de sang royal, né dans une classe privilégiée, il aurait pu « collaborer » avec l’administration de l’époque comme certains Baganwa et surtout se laisser servir par le peuple. Mais non, malgré une courte vie, il a usé de toutes ses forces et avec acharnement pour libérer son peuple jusqu’à perdre sa vie pour lui. C’était un certain après-midi du 13 Octobre 1961. Rwagasore avait seulement 29 ans.