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Ma première fois chez le psy : j’étais drôle

Si dans l’ensemble « 64,5% de la population burundaise manifestent un mal être psychologique » (ISTEEBU, 2019), rares sont ceux qui bravent les barrières sociales pour aller voir un professionnel de la santé mental avant le stade de gravité. Cette blogueuse nous raconte son aventure.  Il arrive un moment dans nos vies où les événements nous dépassent. Un moment où nous sommes obligés de reconnaître que nous avons besoin d’une aide extérieure à nous. Je suis passée également dans cette situation. Confier mes angoisses à mes proches ou mes amis ne résolvait rien que j’en suis venue à fermer mon clapet. Je ressentais une impuissance face à la gestion de mes conflits intérieurs. 

Mon quotidien était marqué d’un immense ennui et d’un vide émotionnel. Des signes avant-coureurs de la dépression ? J’avais assez lu des témoignages sur cette maladie et ces ravages dans notre quotidien que j’avais peur de sombrer dans ce mal. C’est ainsi que je me suis résolu à aller consulter un psychiatre.

Le trou noir de mes préparatifs

Dans mon élan, je me suis heurtée aux dires des gens sur les frais de consultation exorbitants pour rencontrer ces experts en santé mentale : « Pour soigner mon neveu, nous lui avons payé des séances chez un psychologue de 70000 BIF la séance. » Me confiait un ami. « Je connais un psychiatre qui consulte à 100000 BIF. » Me disait une collègue.

Pourtant, cela n’a pas baissé ma motivation. Je suis parvenue à acquérir l’adresse téléphonique d’un psychiatre que j’ai directement contacté. J’ai quand même été soulagée d’entendre qu’il consultait à 20000 BIF, une somme que je pouvais me permettre.

Et le Jour J arriva. J’ai essayé d’imaginer tout ce qui pourrait arriver. Quelle serait la réaction du médecin en me voyant ? Je n’allais pas porter une chemise longue manche pour ne pas attirer des soupçons. Peut-être l’expert penserait-t-il que je suis parmi ces gens qui se mutilent et portent des habits qui masquent leurs corps. Ni de porter des couleurs sombres comme le noir qui pourraient orienter le psy sur un symptôme. Bref, je me résolus de m’habiller convenablement. Ni trop court ni trop long. Ni trop clair ni trop sombre. Je ne voulais pas réfléchir à mon discours quand je me tiendrai face au docteur, je voulais débiter mes angoisses naturellement.

Arrivé à l’hôpital, je me fis inscrire comme tous les autres patients. « Vous vous rendez dans quel service ? » Me demanda la caissière. « Je viens voir un psychiatre. Est-il disponible » M’enquis-je. Sans marquer d’étonnement, la caissière répondit que oui. Elle m’indiqua un vigile qui devait m’accompagner à l’endroit exact, vu que c’était la première fois que je me rendais dans cet hôpital.

« Vous êtes venue seule ? » S’étonna le vigile qui a l’habitude de voir des personnes souffrant de troubles mentaux venir accompagnées. Je me suis retrouvée seule avec une mère dont le fils discutait avec le psychiatre. Quelques instants après, le fils sortit pour appeler sa mère. Je le trouvais normal à première vue, mais il présentait des manies étranges que je ne saurais décrire dans sa façon de parler. Bref, je mis des écouteurs pour fuir le moment et attendre mon tour.

La fuite ou la persévérance ?

Dans la longue attente, j’ai été tentée de décamper. Après tout, je ne souffrais pas d’une dépression ou d’un quelconque trouble mental. Je dormais bien la nuit et mon sommeil n’était pas entrecoupé, mon appétit était intact, je vaquais normalement à mes loisirs et je n’avais pas d’idées suicidaires. Ma seule raison d’être là n’était que le vide émotionnel qui s’emparait de mon être, ces derniers jours, et un désir de parler de mes peurs et angoisses à un expert. J’associai soudain ma venue à une petite caprice. Malgré tout, je restai ferme dans ma décision de voir l’expert puisque je mettais une importance capitale à ma santé mentale.

Après une trentaine de minutes, mon tour est arrivé. Le psychiatre, impassible, m’invita à entrer. Un bureau modeste, bien rangé et bien éclairé. Il me demanda mon nom en écrivant dans un registre. Ensuite, il m’interrogea sur la raison de ma présence. Je lui confiai les tracas du quotidien, les répercussions des défis personnels sur ma santé mentale. Il me posa beaucoup de questions pour bien cerner le problème. Enfin, il me donna des conseils pour faire face aux situations stressantes. Je me suis vue prescrite la prière, le sport et des activités collectives pour éviter la solitude. Je suis sortie de cet hôpital soulagée ; comme quoi il ne me suffisait que d’y croire.

Ce qui est sûr, mon aventure n’avait rien de capricieux. Plutôt, il ne fallait pas attendre que la situation s’empire.

 

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Les commentaires récents (3)

  1. Tu as bien fait ,nous burundais nous vivons une vie étrangère .s il faut consulter le psychiatre normalement tout le monde devrait en penser pour le bien de lui même et de son entourage.personnellement j ai vécu une situation difficile qui méritait qu il fallait que j aille voir un psychologue mais faute de trouver quelqu’un qui pouvait me pousser à aller se faire soigner ,je suis resté là comme ça avec ma maladie et puis c est par après le passage de l ouragan que je me suis retrouvé pour penser que je n étais pas normal pendant une période donnée.et puis j avais déjà eu des conséquences post maladie .je ne me suis pas fait soigner sauf que j ai changé le milieu là où je vivais et puis me concentrer avec la prière.quand j ai constaté que ça m est arrivé et que je ne suis pas allé me faire examiner m a pousser à haïr tout mon entourage ,et j ai vite compris que sur cette terre si on ne prend pas soins de soi même ,il n aura pas d autres gens qui viendront pour ton secour surtout si c est psychologique , là j attache mon attention aux habitants des zones rurales (ruguru), là où la majorité de la papulation reste sous informée.avec l arrivée du développement dans tout les secteurs du pays,le gouvernement devrait attacher bcp d attention à ce secteur surtout que dans les hôpitaux publics il y a pas du personnel qualifié en santé mentale alors qu il y a plein des diplômés dans se secteur sortis des universités publiques comme INSP.je vous remercie .

  2. Tôt ou tard, la population saura bien que la santé mentale est une priorité et le gouvernement prendra en considération les professionnels dans ce domaine car VYOSE NI MU MUTWE

  3. La prochaine fois, quand la situation n’est pas très grave, c’est-à-dire quand il n’y a pas de symptômes physiques d’un malaise mental, mieux vaut consulter un psychologue et non un psychiatre. Un psychiatre est peut-être polyvalent mais il s’occupe plus des malades mentaux avec des pathologies mentales apprarentes