Un homme parti de la maison pour élire son prochain chef de village va faire trois rencontres qui vont influencer son choix. Sous forme de parabole, ce blogueur nous amène à réfléchir sur l’importance du vote.
Un matin, un homme, l’Électeur, prit le chemin. Il faisait partie de ceux qui étaient éligibles pour élire le futur dirigeant de son village. Son choix était déjà fait. Après mille et un pas, il croisa une vieille dame tenant un bâton. Elle marchait tranquillement. Il s’approcha d’elle. Surprise ! Elle était aveugle.
Ayant senti la présence d’un homme depuis un moment, la vieille dame s’arrêta. « Excusez-moi, cher Monsieur, sauriez-vous combien de temps il me reste pour arriver au bureau de vote ? »
Surpris par cette question et constatant son handicap, l’électeur hésita avant de répondre : « Il y a encore quelques marches… »
La vieille dame sourit et répondit : « Ah, j’ai encore du temps pour réfléchir… »
L’Électeur continua son chemin. Après avoir dépassé la vieille dame au point de ne plus la distinguer, il se perdit dans ses pensées. Cette rencontre l’avait intrigué. Comment saurait-elle pour qui voter ? L’avait-elle déjà vu ? Et pourquoi disait-elle avoir encore le temps de réfléchir à son choix ? Pouvait-on changer d’avis au dernier moment ?
Toutes ces questions traversèrent son esprit. Puis, il fit une pause et réfléchit à voix haute : « Et si cette femme était folle ? Ce pays en compte tellement ».
Il reprit sa marche.
Après avoir traversé une vallée et gravi le sommet d’une montagne, une voix l’interpella. Il entendit un bruit indistinct. Soudain, un homme massif apparut devant lui ! Il sursauta, pris de peur. Il se dit que c’était un de ces brigands que la société avait rejetés. Le géant marmonna des mots que l’homme ne comprenait toujours pas, puis, avec effort, sortit de sa main… une carte électorale. L’électeur était perplexe. C’était un sourd-muet qui lui demandait des informations sur sa carte électorale. « Peut-être me demande-t-il où se trouve le bureau de vote ? », se dit l’électeur. Ce dernier se tourna vers une colline lointaine et la désigna du doigt : « C’est là-bas. »
Le géant ne montra aucune réaction. Il regarda l’Électeur et balbutia des mots inintelligibles, comme s’il posait une question. Son corps imposant et son mutisme touchèrent l’Électeur. Comment un homme aussi grand pouvait-il être incapable de prononcer le moindre mot ?
Ces interrogations traversèrent à nouveau l’esprit de l’Électeur. Soudain, il réalisa que le géant avait disparu. « Quelle étrange rencontre », se dit-il en souriant. Cependant, l’idée que le géant lui demandait pour qui voter commença à germer dans ses pensées. Un sourd qui vote ? L’idée lui sembla ridicule. « Il ne saurait même pas débattre de son choix. »
Il continua son chemin. Le bureau de vote n’était plus très loin.
Il commença à croiser d’autres électeurs. Arrivé au bureau de vote, il fit la queue comme tout le monde. Il se trouva derrière un jeune homme en fauteuil roulant, qui semblait souriant. L’Électeur, se croyant curieux toucha l’épaule du jeune homme et lui demanda : « Êtes-vous réellement capable de voter, jeune homme ? » Le jeune homme se retourna et son humeur changea immédiatement. Alors qu’il était souriant, il devint virulent et répondit : « Un chef de village doit représenter tout le monde : les aveugles, les sourds, les tétraplégiques, les pauvres, les plus souffrants. Il ne peut pas favoriser ses anciens camarades, sa famille, ses maîtresses… Et je dois m’assurer que les hommes qui dirigeront notre village soient les plus proches des gens comme moi. »
L’Électeur fut surpris par la vivacité et l’engagement de ce jeune homme qui parvenait à peine à se déplacer. Puis vint le moment crucial : le vote. Il connaissait son choix initial. Pourtant, il hésita. Son cœur lui disait d’attendre. Il repensa à ses trois rencontres : « Pourquoi le vote est-il si important pour ces êtres humains que la société néglige tant ? »
Il se perdit dans cette réflexion quelques instants, puis vota. « Ici-bas, que le vote ait lieu ou pas, les choses resteront les mêmes », pensa-t-il. Il maintint le choix qu’il avait arrêté en quittant sa maison.
Très intéressant. Mais moi même je comprends coe une voix (vote) dle ‘un docteur des Universités a la même valeur que celle d’un simple paysan de la colline qui vote sans même écouter les projets des candidats
Cette parabole est brillante. Elle nous pousse à regarder au-delà des apparences et à remettre en question nos préjugés sur qui « mérite » de voter. Chaque voix compte, surtout celles qu’on entend rarement…Kudos Audry.
Article intéressant, reflétant le climat politique dans notre pays. Pourtant, je crois qu’un jour le vote de cet homme-là pourra faire une différence, si on en est conscient de ce que notre societe souffre et prêt à réagir.