Malgré ses bons statistiques en ce qui concerne la vaccination, le Burundi est sous la menace d’une épidémie de poliomyélite. Parmi les 8 cas de poliovirus confirmés, un enfant n’ayant reçu aucune dose de vaccin de poliomyélite. En réalité, certaines catégories de personnes restent hostiles à la vaccination.
Au Burundi, le taux de couverture vaccinale (CV) pour la plupart d’antigènes est supérieur à 80%. Selon une étude réalisée en 2018 sur l’analyse de l’équité dans la dispensation des services de vaccination, 87 % des enfants ont reçu tous les vaccins recommandés par le Programme Elargi de Vaccination (PEV) avant une année.
Les données de l’EDS 2016-2017 (enquête démographique de santé) montrent que 85 % des enfants de 12-23 mois avaient reçu tous les vaccins de base. Le pourcentage de ceux qui n’avaient reçu aucun vaccin ne représente que 0,3% des enfants.
Selon les résultats provisoires de l’enquête nationale de couverture vaccinale de 2022, le taux de couverture vaccinal brut pour les enfants de 12 à 23 mois était estimé à 88,6 %. Pour les enfants de 24 à 35 mois, le taux de couverture vaccinal brut était estimé à 90,2%. La couverture vaccinale en vaccin anti rougeoleux et anti rubéoleux deuxième dose (administré à 18 mois) était à 86%.
Malgré ces bonnes performances, il y a encore à faire pour atteindre une couverture nationale de 90% prévue pour tous les pays par le plan d’action mondial pour les vaccins. Certains groupes de personnes négligent ou restent hostiles à la vaccination.
Quels sont ces groupes antivax ?
Premièrement, les groupes religieux dont les adeptes d’Eusébie et les adeptes de la secte Abasohoke sont hostiles à la vaccination suite à leurs croyances selon l’étude de 2018. Les « Eusébistes » sont présentes sur la sous-colline Ndava de la province de Bubanza et sur les sous collines Nyagisozi, kagege Murore de la commune Busoni dans la province de Kirundo, etc. « L’administration locale n’est pas parvenue à convaincre cette catégorie de gens de faire vacciner leurs enfants ».
Sur la colline Migera dans la zone de Kabezi de la province de Bujumbura, un groupe de personnes constitué par des adeptes de la secte Abasohoke refusent de faire vacciner leurs enfants sous prétexte que leurs grands-parents et parents n’ont pas été vaccinés. Cette secte est également présente dans la commune de Ruyigi.
En second lieu, viennent les Batwa. Cette communauté néglige la vaccination. C’est le cas des Batwa des sous collines Mugoboka, Marangara, kavumu dans le strict sanitaire de Gitega. A Matana dans la province de Bururi, ceux de la sous colline Gikoma négligent aussi de faire la vaccination de leurs enfants.
Menant une vie difficile, avec de vieux habits déchirés, elles n’osent pas se présenter devant le personnel soignant pour la vaccination de leurs enfants, nous a confié Pascasie Ndikumwenayo, mère de deux enfants rencontrée sur la 9ème avenue de Bwiza en mairie de Bujumbura. Et d’ajouter qu’ils vivent du jour au jour et doivent se démener pour trouver de quoi mettre sous la dent.
Troisièmement, les SDF. En mairie de Bujumbura, les enquêteurs ont également identifié un groupe de personnes démunies et sans domicile fixe (SDF) occupant les maisons en chantiers qui négligent de faire vacciner leurs enfants. En déménageant, ces SDF peinent à faire vacciner leurs enfants car les femmes sont obligées d’aller vacciner leurs enfants là où elles les ont fait vacciner pour la première fois. D’où le désintéressement.
Certaines mères célibataires, victimes des grossesses non désirées ne recourent pas à la vaccination de leurs enfants. Restant coincées dans leurs maisons, ces mères célibataires restent éloignées des soins de santé suite à la stigmatisation. Ceci ressort d’un atelier de mobilisation et d’engagement des organisations de la société civile sur la promotion des activités de vaccination de routine organisé par le PEV fin janvier 2023.
D’autres facteurs expliquent la non-vaccination des enfants
Le manque de motivation des Agents de Santé Communautaires (ASC) et prestataires constitue un défi. Dans certains districts sanitaires, les ASCs ne reçoivent pas de motivations (financières, formation continue, équipements de travail…) pour le travail qu’ils rendent dans la communauté et deviennent moins actifs.
La perte des carnets de vaccination, les longues files d’attente suite à l’insuffisance du personnel ont également été identifiés comme des freins à la vaccination des enfants dans certains districts sanitaires.
Pour hausser la couverture vaccinale, différentes stratégies, entre autres la motivation des ASCs, doivent être renforcées. Le PEV compte s’appuyer sur les administratifs à la base, les leaders religieux qui jouent un rôle capital dans la sensibilisation de la société comme le signale Dr Belle Louise Iriwacu, directrice adjointe du PEV.