Je me rappelle d’un tweet que j’avais envoyé suite aux évènements du mois de janvier à Kinshasa et dans lequel je m’étais permis de chambrer certains amis congolais. Je leur disais que l’équivalent de la Chine en Afrique, c’était la RDC, parce qu’ils n’avaient pas accès à Facebook, Twitter et Whatsapp. Je ne pensais pas qu’un jour, les mêmes causes produiraient les mêmes effets chez nous.
Dans notre rétrospective de l’année, nous publierons, dans la mesure du possible, certains des textes les plus lus au cours de la palpitante année 2015.
Les causes sont les manifestations contre un régime qui veut s’éterniser au pouvoir. Les effets sont les restrictions à certaines libertés fondamentales. Le droit à l’information n’y échappe pas.
Faire taire les médias et les réseaux sociaux devient une priorité dans ces moments de contestation.
Parrallèle RDC-Burundi
Sans entrer dans la polémique des chiffres, des vies ont été emportées dans les deux cas. En RDC, le gouvernement avait indiqué que la plupart des tués étaient des pilleurs. Heureusement au Burundi, il n’y a pas eu de pillage. Cette justification ne peut donc pas valoir. Ici, les morts sont en majorité causés par les forces de l’ordre, qui s’en sont même pris au corps de défense.
Contrairement à la RDC, nous n’avons pas connu de coupure de sms. D’ailleurs ici, les rassemblements se font à la traditionnelle, par des sifflets. Les sms sont utilisés par les lettrés aisés qui, pour la plupart, résident dans les quartiers qui ne manifestent pas.
Faire savoir
Les manifestations aussitôt commencées, nous saisissions déjà les premières bavures. Les photos et vidéos se propageaient à la vitesse de l’éclair, les infos arrivant au même moment dans les rédactions. Mais un autre travail attendait les journalistes : le traitement.
Nous vivions ces manifestations en temps réel, nous tentions d’envoyer et de publier nos contenus sur les réseaux sociaux pour susciter plus de partages et ainsi améliorer la portée de nos informations. Les régimes comme le nôtre n’aiment pas cela. Nos responsables veulent paraître clean, quitte à bafouer les libertés et les droits des citoyens. Même pris en flagrant délit, ils nient systématiquement les faits. Pour remédier aux preuves gênantes, ils ont restreint l’accès à Facebook, à Whatsapp et à Twitter sans justifier cette coupure.
Malheureusement pour nos dirigeants, l’internet aura toujours plusieurs longueurs d’avance sur les dictatures.