La faiblesse sexuelle, un mot qui se prononce à voix basse mais qui semble avoir mille remèdes. Qui n’a jamais eu écho des plantes, des médicaments ou des drogues aphrodisiaques ? Les jeunes en consomment grâce au bouche-à-oreille en omettant les effets néfastes de ces substances sur leur santé.
Un aphrodisiaque est une substance qui stimule la libido et les performances sexuelles. Les aphrodisiaques peuvent être des aliments, des plantes ou des médicaments. « Viagra est sans doute le médicament le plus utilisé au Burundi », explique Paul*, 24 ans. C’est un médicament qui corrige les troubles de l’érection en augmentant le flux sanguin vers le pénis. Cependant, le Viagra est utilisé à tort et à travers par les hommes pour booster leur désir sexuel. Pire, ce médicament peut-être une drogue lorsqu’il est consommé sans modération. Vous souvenez-vous de ce jeune qui a été retrouvé mort dans une chambre d’hôtel par abus du Viagra ?
Améliorer la libido, un commerce lucratif
Je reçois les contacts d’un homme qui prétend vendre des substances aphrodisiaques. Par message, je lui demande de me fournir plus d’informations sur ces substances. « Veux-tu des médicaments pour homme ou pour femme ? » s’informe-t-il. Je lui réponds que j’aimerais tout savoir. Tout d’abord, il m’apprend que pour des hommes qui ont un pénis court et de petit diamètre, il leur fournit un produit nommé « kupanuwa ». Pour des troubles érectiles et l’éjaculation précoce : Virgomax, Testro-OP plus et Epax geseng. « Pour les filles qui n’ont pas de plaisir sexuel dû aux infections, nous leur donnons anion alpha secret » Enfin, m’assure-t-il, ce sont des produits naturels. Je reste perplexe quant à ces produits qu’il me montre sur des images.
« N’y a-t-il pas des substances chimiques dans ces produits ? » Il m’indique que non, le principe actif est 100 % naturel. En plus, il n’y a pas d’effets indésirables, me confirme-t-il.
Nous avons tous déjà entendu ces pseudo-guérisseurs, ceux qui prétendent autour des marchés et dans les coins des rues détenir des remèdes miracles. Ils s’incrustent partout et embarquent dans leur ruse des adhérents. « Ce ne sont pas seulement les jeunes qui viennent à nous, même les couples mariés font recours à nos services. », se félicite le vendeur.
Je me pose alors la question de savoir pourquoi ces personnes ne cherchent pas l’avis d’un médecin qualifié et compétent ? D’une part, ces substances sont facilement accessibles ce qui peut inciter beaucoup de personnes à s’en procurer. D’autre part, les consommateurs ignorent que les effets néfastes sont bel et bien existants même pour ces produits dits naturels. C’est pourquoi en présence d’un trouble lié à la sexualité, il faut impérativement consulter un médecin qualifié qui, après avoir identifié la maladie suite aux examens cliniques et paracliniques, peut prescrire un traitement.
Qu’en est-il des drogues aphrodisiaques ?
« La conséquence pour ces substances, c’est qu’elles ont un caractère addictif puisqu’on ne se considère plus performant sans leur consommation. », témoigne Yves*, 25 ans. D’après le Dr Sixte Ntare, addictologue : « Les drogues à effet stimulant comme la cocaïne ou les amphétamines augmentent la libido selon les usagers. » En se référant à son expérience au Burundi, l’addictologue a constaté que plusieurs usagers consomment le cannabis (marijuana) qui est dans la famille des hallucinogènes et des stimulants (avec une faible dose) et ces derniers relatent une endurance sexuelle après sa prise. Quant à l’héroïne (boost), cette drogue entraîne dès les premières minutes un effet flash dont certains auteurs comparent à des orgasmes. Mais à la longue, ceux qui consomment de l’héroïne semblent déprimés car cette drogue appartient à la classe des dépresseurs.
Gare aux effets néfastes de ces drogues qui jouent sur plusieurs plans. Le Dr Ntare nous met en garde contre les conséquences sur la santé dans son sens large. « Les drogues endommagent plusieurs organes notamment le cerveau, le foie, les poumons et le cœur. Sans oublier que c’est une population vulnérable vis-à-vis des pathologies sexuellement transmissibles ou transmissibles par voie sanguine (drogues injectables) où la prévalence est multipliée par 10 par rapport à la population générale. Au niveau socio-économique, des familles sont ruinées par des vols récurrents pour l’approvisionnement en drogues et le pays perd en ressources humaines. »
L’addictologue ajoute que les traumatismes et les blessures psychologiques sont à l’origine de la consommation des drogues. Pourtant, certains usagers recherchent un effet aphrodisiaque dans les drogues malgré les conséquences néfastes.
Mythe ou pas, les substances aphrodisiaques peuvent être très nuisibles pour la santé. La bonne conduite à tenir est de consulter un médecin en cas de trouble sexuel et ne pas prêter oreille aux charlatans.
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