article comment count is: 3

Derrière chaque fille qui réussit, se cache-t-il un sugar daddy ?

La société burundaise a tendance à juger toute fille célibataire qui quitte la maison familiale avant le mariage pour se mettre à son propre compte. Pourtant, des causes sociétales peuvent l’y contraindre.  Ceci est un témoignage d’une fille qui a brisé les chaines sociales malgré les stéréotypes.

D’emblée, appelez-moi Alix*. Issue d’une fratrie de  huit enfants, j’habitais jadis dans un certain quartier modeste, Nyakabiga. Notre habitation ? Une maisonnette  de deux chambres et un salon. A priori, comprenez que je devrais partager la chambre avec certains de mes frères (d’autres passaient des nuits au salon). A côté de cette exiguïté,  une vie misérable et insupportable.   Moi, fille à maman, je ne voulais pas la voir souffrir seule pour nous. Il me fallait faire quelque chose. Mais quoi ? Dans cette tourmente je me résous de me jeter dans le vide, chercher un boulot.

Et un jour…

Dans une discrétion totale, j’avais décroché un job, pas très fameux, mais quand même qui me permettait de vivre et aider ma mère dans son combat de survie. Quelques jours après, j’appelle ma mère pour lui dire que je dois quitter la maison. Dans notre conversation, je tiens à souligner : « Je te promets que je ferai tout de mon mieux pour que vous soyez épanouis dans la maison. Tu as ma parole ». Dans ce déménagement illico, j’avais  rejoint une amie de longue date qui vivait seule. Je la demande un hébergement qu’elle n’a pas hésité à m’accorder.

 Un certain matin, je reçois un coup de fil d’un numéro inconnu qui dit que j’ai été retenue dans une entreprise où j’avais postulé comme chargée de la communication. Apres la bonne nouvelle, je me mis à genoux pour remercier le ciel. Quel coup de chance !

Trois jours après, je commence le boulot, et tout se déroule à merveille. A la perception de mon premier salaire, pas mal comme pognon. Cinq mois plus tard, le patron décide d’augmenter le salaire à ses employés. Dieu merci, j’en fais partie. Du coup, je décide d’entreprendre en dehors du boulot en ouvrant un petit magasin d’habillement pour femmes en ville. Les affaires vont bon train. 

Un combat, et des clichés 

Apres quelques économies, je prends la décision de déménager de chez ma copine, histoire de bien gérer mes affaires. Je loue un appartement à Kibenga. Mon commerce, une réussite. Je m’achète une petite voiture pour mes déplacements et ceux de ma mère en cas de besoin. 

Avec cette aisance qui s’installe, je m’attire des regards et critiques de l’entourage. Des ragots fusent de partout.  : « On connaît la fille, si ce n’est pas un sugar daddy, qui d’autre lui donnera tout ça ? Hmm, depuis qu’elle a quitté chez elle, elle est devenue une pétasse, elle en a deux ou trois. Un pour le loyer, l’autre pour la voiture et le dernier pour la faire belle » Et moi, tranquille comme d’habitude, je fais sourde oreille.

Un conseil 

Réussir sa vie en tant que jeune fille burundaise est synonyme de prostitution. On dirait tu n’as pas le droit ou l’accès au succès. Loin des rumeurs, je n’ai pas baissé la garde.  Pour ma part, j’ai réussi à défoncer le plafond de verre. Je peux parier qu’il y en a qui m’envient. 

A mes sœurs,   quoi que vous fassiez, la société et l’entourage auront toujours à dire. Ayons le courage d’affronter les difficultés qui éblouissent nos repères. Mais on devrait changer notre mentalité et s’occuper de nos propres affaires. Je ne suis pas une inspiration (je sais que je ne suis pas la seule), mais notre destin est dans la main de chacune d’entre nous. A nous de le prendre à bras le corps !

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion

Les commentaires récents (3)

  1. Si seulement toutes les jeunes filles du pays pouvaient suivre son exemple.
    Parfois il faut seulement s’occuper de notre vie et nos intérêts,et arrêter d’écouter les comerages des autres.

  2. Ne vous occupez JAMAIS des ragots. Ils viennent toujours des gens jaloux. Celui qui parle dans votre dos, …. s’adresse à vos fesses …. qu’il aille donc au diable et ne lui répondez pas !😀 Félicitations. Allez de l’avant et battez-vous pour réussir VOTRE vie et celle de vos proches.

  3. Mais si moi en tant que père des filles et garçons je paie les minervales de mes filles pour qu’elles deviennent des « vaux rien » là alors je perd mes efforts pour rien. Idem pour tout parent ayant une fille élève ou étudiante. Que nos filles soient prospers et riches. Ubuhumbu et avoir un esprit de réussir, c’est tout different.