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#YagaDécodeur : #Sindumuja, ou la naissance d’une devise

À l’honneur cette semaine dans la rubrique dédiée à la terminologie autour du troisième mandat, le terme « Sindumuja ». Tiré d’une homélie de Mgr Simon Ntamwana, ce vocable est devenu populaire depuis mars 2015, et sert à désigner tous ceux qui sont opposés à l’ « entorse » constitutionnelle que constitue le troisième mandat. Le blogueur Jean-Marie Ntahimpera nous en fait un rappel historique.

J’ai demandé à un Sindumuja, aujourd’hui en exil, ce que signifiait pour lui le terme #Sindumuja.

« Nous avons contesté, non pas Nkurunziza en personne, mais son mépris. Il méprise les principes. Et quand vous n’avez aucun respect pour les principes, vous n’avez pas de respect pour les hommes non plus. La suite des événements nous a donné raison, quand le pouvoir a décidé d’emprisonner, torturer et tuer tout ce qui ressemblaient à l’opposition », répond l’activiste. 

Pour lui, rester à Bujumbura aurait signifié accepter la condition d’être un Muja, car la seule solution pour survivre est de se taire.

« Au moins à l’étranger, nous pouvons nous organiser, faire du lobbying pour notre cause», explique-t-il.

Petite leçon d’histoire

D’où vient le terme « Sindumuja » ? Début 2015, les Burundais sont dans une incertitude. Le président arrive au terme de son deuxième mandat. Le dernier ? Tout le monde se pose la question mais personne n’a de réponse. Partira-t-il ? Que faire s’il refuse de partir ? Là encore, pas de réponse… Ces questions sont d’autant plus importantes que les Burundais n’ont jamais été confrontés à pareille situation. Aucun président démocratiquement élu n’a, en date, terminé son mandat.

Pierre Nkurunziza arrive au terme de son mandat mais que se passera-t-il s’il refuse de partir ?

C’est en essayant de répondre à cette difficile question qu’au début du mois de mars 2015, Monseigneur Simon Ntamwana, archevêque de Gitega, lâche ces mots à l’occasion d’un discours de clôture d’une retraite de jeunes.

« Nous pensons que le président Nkurunziza a bel et bien terminé ses deux mandats… Nous ne pouvons pas voter pour lui. Il ferait de nous des esclaves. Personne n’a le droit de faire de nous des esclaves ».

L’homélie est prononcée en kirundi, au fin fond de la paroisse Gishubi. Ces mots auraient pu s’évaporer et rester lettre morte si un reporter d’une petite radio locale n’avait pris le soin d’enregistrer son sermon. La Radio Publique Africaine, la plus écoutée du pays, ayant eu vent du « message fort » de l’archevêque, se procure rapidement l’enregistrement. Elle le diffusera dès lors en boucle sur ses ondes.

Le 26 avril, le suspense prend fin. Le parti CNDD-FDD plébiscite le président Pierre Nkurunziza à sa propre succession. La société civile et l’opposition appellent aux manifestations, s’approprient le discours du prélat catholique et en extraient leur slogan #Sindumuja (=je ne suis pas esclave). La suite est une autre histoire… Une histoire sanglante.

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Les commentaires récents (1)

  1. Merci Ntahimpera de nous partager l’ethmology du terme « Sindumuja ». Je pense que personne ne desire etre un esclave mais nous n’avons pas de choix aujourd’hui.