Le ministre de l’Intérieur vient d’interdire aux élèves de passer les frontières pendant toute la durée des vacances. Ils doivent rester au pays pour suivre une formation de patriotisme. Pourtant, ces pauses méritées sont une occasion en or pour ces jeunes, certes, de s’adonner aux activités de loisirs pour certains, mais aussi de gagner un peu de sous pour les autres. Aimer le pays c’est bien, mais cet amour doit-il être imposé ?, s’interroge cette jeune blogueuse.
Enfin les vacances ! La période où on dit au revoir aux études et où on commence à chercher des petits jobs ici et là, en prévision de la prochaine rentrée. Eh bien cette fois-ci, on ne va nulle part, car leçons de patriotisme obligent, on va apprendre à aimer le pays !
Et quand est-ce que tout cela a-t-il été décidé ? Ce 27 juin 2024, alors que trois ministres et leurs collaborateurs se réunissaient pour cogiter sur les moyens « d’arrêter des stratégies d’encadrement des élèves pendant les vacances ».
A-t-on pensé aux jeunes en situation financière précaire ? Ces leçons de patriotisme et autres activités prévues pour les occuper, vont-elles rapporter de quoi se mettre sous la dent aux jeunes ? Par ailleurs, si l’encadrement des jeunes pendant les vacances est nécessaire, les psychologues affirment que les vacances ont un impact important sur l’épanouissement et le développement de l’enfant.
La logistique va-t-elle suivre ?
Comme programme pour ces vacances, des travaux manuels, a annoncé avec conviction le ministre de l’Éducation François Havyarimana. Les élèves apprendront à manier l’outil informatique sous l’œil « avisé » des directeurs d’école et des enseignants. On est sérieux là ? Combien d’entre eux sont assez compétents pour faire cela ? Et ce n’est pas tout. Du point de vue logistique, a-t-on prévu des centres équipés comme il faut pour former tous ces élèves ?
Apparemment, parmi les travaux manuels, les élèves s’attèleront également au traçage de courbes de niveau. Ha ! Ce que je crois, c’est que le gouvernement voit là une chance de gagner une main-d’œuvre gratuite. Bientôt, peut-être qu’ils seront affectés à la réhabilitation des routes.
L’amour pour la patrie vient naturellement
J’imagine la consternation des jeunes qui exerçaient de petits boulots pendant les vacances, à l’annonce de cette mesure. Ils sont sûrement dans le désarroi, se demandant comment ils vont gagner des sous pour s’acheter du matériel scolaire ou pour aider leur famille. D’autres avaient sûrement planifié différentes activités pour les vacances. Et voilà un pagne qu’une mère ne recevra pas, des pieds qui ne seront pas chaussés…
Et quid de ceux qui avaient prévu de passer les vacances en dehors du pays pour rendre visite à une tante, une grand-mère, des cousins ? Ils devraient quand même avoir le droit de visiter des proches.
Et tout cela pour suivre des cours censés apprendre aux jeunes à porter un amour sincère et sans faille à un pays qui ne les laisse pas s’épanouir pendant les vacances. Ironique, n’est-ce pas ?
Aimer le pays, c’est bien. Mais cet amour doit venir naturellement tout seul, sans avoir besoin d’être imposé.