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Université du Burundi : « au lieu de supprimer le bizutage, il faut le réorganiser »

Si le blogueur Ivan-Corneille Magagi se disait contre cette pratique d’intégration, le blogueur Egide Nikiza n’est pas de cet avis. Pour lui, les premières victimes des tentatives de l’administration de l’Université pour enterrer le baptême universitaire sont les nouveaux, qui ne savent plus à quel saint se vouer.

J’ai suivi de bout en bout l’inscription des nouveaux étudiants à l’Université du Burundi. Ce n’était pas comme avant, du moins du temps de notre inscription, où l’accueil des nouveaux était à la charge de la représentation générale des étudiants. J’ai constaté que les autorités de l’Université avaient mis en place une équipe d’étudiants chargée de l’accueil des nouveaux. Pour leur identification, j’ai remarqué que l’Université avait même fait confectionner des t-shirts. Un moyen de contenir les récalcitrants qui souhaitent  l’interdiction du « baptême » à l’université du Burundi. Malgré la mesure, l’intégration semble avoir repris ses droits.

Entre le marteau et l’enclume

Le soleil est à son zénith ce 28 septembre sur le campus Mutanga à la faculté d’agronomie et de bio-ingénierie. Je rentre des cours. À ma gauche, je  remarque deux groupes prêts à en découdre : d’une part les étudiants nostalgiques du baptême et d’autre part les agents de l’Université qui ne ménagent aucun effort pour faire cesser cette pratique. À côté d’eux, assis par terre, serrés les uns contre les autres, les nouveaux avec leurs têtes rasées à la racine, sur lesquelles le soleil accablant tape avec acharnement. Du coup, je m’apitoie sur ces petits frères et sœurs. Je sais qu’ils n’ont pas eu tous le petit déjeuner. Ils n’en ont pas les moyens. La plupart viennent de l’intérieur du pays comme beaucoup de leurs aînés. Je m’approche pour voir si je peux en reconnaître quelques-uns. Je parviens à reconnaître un visage. Celui de Ghislaine, une fille qui a fréquenté le même lycée que moi. Elle m’a reconnu aussi. Son œil ne me quitte pas. Je me dirige vers elle. Je m’incline et lui demande si elle trouve le programme intéressant. Elle m’avoue qu’il le serait s’il était bien organisé et encadré et qu’elle aurait préféré en finir une fois pour toutes et ne pas se retrouver entre deux parties en conflit. Impuissant, je la laisse dans ce calvaire et je regagne le restaurant. Je dois retourner en cours l’après-midi.

Malgré tout, le bizutage est important.

Je suis de ceux qui pensent que l’intégration n’appartient pas à l’autre temps. Je reconnais tout de même que certains étudiants dépassent quelques fois les limites au nom du baptême. Certains en arrivent à traiter les nouveaux étudiants avec violence, d’autres à les harceler. Parfois, ceux qui résistent à certaines pratiques du baptême reçoivent des coups. Malgré cela, je reste convaincu que le baptême, dont la raison d’être est l’intégration des nouveaux étudiants, contribue énormément au rapprochement des étudiants, nouveaux comme anciens. Par le biais de l’intégration, les nouveaux apprennent aussi à respecter leurs aînés, à se respecter et enfin à faire respecter les droits de tout étudiant de l’Université du Burundi. 

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