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Le thé : une culture de misère ?

Deuxième culture d’exportation, cultivée par plus de 65 000 agriculteurs, le thé est aujourd’hui fixé à 280 Fbu/kg de feuilles vertes. Les grognes fusent de partout. Le prix au kilogramme va-t-il augmenter à hauteur  du café ?

De Buhoro à Teza, en passant par IJenda, Tora et Rwegura, les théiculteurs  provenant de ces 5 complexes théicoles se plaignent. « Le prix de notre culture est très minime et c’est démotivant », ont-ils laissé entendre, le 19 mai 2023 en assemblée générale. « De la préparation du sol à la récolte du thé, les efforts et dépenses ne méritent pas le prix actuel au kilo », regrette le syndicat des travailleurs du secteur théicole au Burundi. Jean Paul Manirakiza représentant ces agriculteurs demande à l’Office du thé du Burundi et à l’Etat de porter à au moins 500 Fbu le kilo de feuilles vertes. 

Selon M. Manirakiza, certains théiculteurs vendent le thé à 300 Fbu le kilo chez des privés. D’autres encore menacent de déraciner les champs pour d’autres cultures. D’autres problèmes concernent notamment le retard des engrais chimiques et le manque de plants. 

L’OTB se veut quant à lui rassurant : « Tout d’abord, le théiculteur est représenté jusqu’au niveau du conseil d’administration raison pour laquelle il ne devrait pas y avoir d’inquiétudes. Si la santé financière est bonne après les enchères, rien n’empêche que le prix au cultivateur soit revu à la hausse. »

Les aléas climatiques sont également pointés du doigt par Gilbert Ntemako conseillé au Ministère en charge de l’Agriculture ainsi que Cléophas Ndikumagenge chargé des plantations théicoles à l’O.T .B. Ce dernier suggère toutefois le renforcement des coopératives théicoles, l’élaboration d’une politique nationale de développement de cette filière, le cadre légal pour éviter des mésententes (il fait référence à l’usine Prothem). Il appelle également à la compétitivité. 

Thé versus café : deux poids deux mesures ?

Traditionnelles cultures industrielles d’exportation, le thé et le café rapportent les devises pour le pays. Les caféiculteurs  jubilent, le prix d’un kilo de cerise A vient d’être fixé à 1280 Fbu alors qu’il était à 800 Fbu, comme analysé et approuvé par le  conseil des ministres du 10 mai 2023. 

Quid du thé ? Cultivé dans 7 provinces du Burundi (Bururi, Bujumbura Rural, Cibitoke, Kayanza, Muramvya, Mwaro et Rumonge) et dans 28 communes, et bien que cette culture rende la verdure burundaise très attrayante, ce n’est qu’au bout de 3 ans qu’un théiculteur savoure le fruit de ses efforts.

Chaque année, le Burundi exporte du thé sec. La variation des recettes a-t-elle suivi celle du prix au kilo des feuilles vertes ? Selon un rapport de la Banque Centrale, sur 5 ans, les exportations n’ont pas connues de grandes variations. Toutefois, de 2020 à 2022, les recettes ont  augmenté. 

Années Quantités (en tonnes)      Valeurs (en millions de fbu)
201810.525 ,140.407,2
201910.080,540.663,8
20208.832,240.192,4
202110.809,245.394,7
202210.47851.343,3

 Rappelons qu’en  2021 le prix du kilo de feuilles vertes avait été porté à 280 Fbu, après 9 ans, à 250 Fbu. 

 

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