Au moment où le passage de l’examen de l’État bat son plein, certains élèves autodidactes attendent vainement de repasser le test. La raison : ils n’ont pas encore eu les 50 mille BIF perçus par l’OBR comme redevance administrative. Ils déplorent l’énormité de la somme. Témoignage.
Dans l’après-midi du mardi 28 juillet 2020, en zone Gatumba de la commune Mutimbuzi, j’ai surpris une conversation étrange entre deux jeunes hommes. De par leurs mines et la nature de leurs échanges, sans doute, c’était des élèves finalistes de l’école fondamentale. Bien évidemment, il ne s’agissait pas d’une simple causerie. Ils se lamentaient. L’un s’insurgeait contre les 50 mille BIF, exigés par le ministère de l’Éducation pour repasser l’examen d’Etat en tant qu’autodidacte. L’autre se plaignait de n’avoir pas pu passer l’épreuve car ayant échoué en classe.
Autodidacte remonté
« Suite aux répercussions de la Covid-19 sur le commerce, ma maman n’a pas pu avoir assez d’argent pour me payer les 50 milles BIF», déplore-t-il. Ce dernier ne décolère pas. Il fait savoir qu’il révisait tous les cours en espérant que cette somme sera disponible.
En écoutant ce témoignage, tout analyste ne peut que constater les effets négatifs de la Covid-19 sur le petit commerce. Et les conséquences affectent tous les domaines de la vie de la population.
Pas de chance d’accéder à l’université
Toutefois, même avant l’irruption de la Covid-19, cette somme exigée aux autodidactes n’était pas à la portée de tout le monde. Au Burundi, nul n’ignore que peu de familles parviennent à joindre les deux bouts du mois. Ce ne sont pas tous les parents qui peuvent avoir une telle somme, d’autant plus que certains peinent même à payer les frais de scolarité. Raison de plus pour se demander le bien-fondé d’une telle décision.
Initiée en 2017 par l’ex-ministre de l’Éducation, ladite mesure, selon la ministre permet de réduire l’impact des autodidactes sur le budget général de l’Etat. « La majorité des autodidactes inscrits ne se présentent pas lors de la passation de l’examen. L’accroissement annuel de ces autodidactes a donc un impact non moins important sur le budget général de l’Etat », avait-elle souligné.
Cependant, cette énorme somme cause problème. Un état de fait qui pénalise les élèves dont les parents n’ont pas assez de moyens pour débourser les 50 mille BIF. Ainsi, ils ne repassent pas l’examen d’État, hypothéquant leur chance d’accéder à l’enseignement supérieur.
Deux voies de secours
Compte tenu de cette situation, je pense qu’il est temps de revoir cette décision du ministère de l’Éducation. Le nouveau gouvernement devrait penser à ces élèves autodidactes qui ne peuvent pas payer la redevance administrative à l’inscription de l’examen de l’État.
Deux voies de secours à cette catégorie des élèves sont possibles. Soit l’État peut revoir à la baisse cette redevance ou la supprimer. En outre, il peut appeler les élèves qui ne peuvent pas payer les redevances, à servir pendant un mois ou deux dans les travaux d’intérêt général.