Depuis l’investiture du nouveau président, programmes et promesses rythment chacune des sorties du désormais locataire de Ntare House. Un sujet a retenu particulièrement l’attention de plus d’un : le fameux « une commune, un hôpital » !
C’est désormais en marche, le nouveau président burundais a l’intention de doter de chaque commune du pays de Mwezi d’un hôpital ! Je ne peux que saluer l’initiative ô combien louable. Surtout qu’elle concerne un domaine, la santé, dont on n’a pas beaucoup entendu parler lors de la dernière campagne électorale.
Annoncée le 18 juin lors de l’investiture d’Evariste Ndayishimiye, la mesure ne tarderait pas à être mise en application car quelques jours seulement après on apprenait qu’« il avait été demandé aux Médecins Directeurs Provinciaux et Médecins Chef de District, de trouver un centre de santé par commune qui pourrait être transformé en hôpital ». Mais au-delà de l’effet d’annonce, est-ce vraiment cela la priorité au Burundi ?
Plus de ressources humaines et matérielles
Selon la Politique Nationale Santé 2016-2025, le Burundi avait 69 hôpitaux en 2014 soit 1 Hôpital pour 131.414 habitants (OMS : 1 hôpital pour 150.000 hab.), dont 5 de référence nationale. Et à y regarder de près, parfois l’on est en droit de se demander en quoi ils sont de référence ! Mais bon dans le royaume des aveugles le borgne est roi dit-on ! Tenez ! On est dans un pays où le seul CHU supposé être la crème de la crème ne dispose d’aucun Scanner, cela au moment où d’autres structures de «même envergure » rivalisent avec le matériel dernier cri, IRM et autres! Ne parlons pas de l’état des autres matériels. Ce qui m’amène à penser, au vu ne fut que de ce seul exemple, que l’urgence n’est pas de construire de nouveaux hôpitaux peut-être qui seront moins performants que ceux qui existent déjà, mais de renforcer les 48 dont nous disposons.
Un renforcement d’abord en équipements et autres matériels qui manquent tant à nos illustres professionnels de santé. Un médecin, travaillant en province, se plaignait un jour de « pratiquer la médecine à l’aveugle » par manque de moyens diagnostics. « Nous n’avons même pas de NFS », me racontait-il un jour, visiblement dépassé. Vous savez, la Numération Formule Sanguine, cet examen des plus basiques ailleurs manque parfois chez nous !
Là je ne parle même pas du « calvaire » que vivent certains médecins du fait de leur faible effectif. En effet, le Burundi compte 0,6 médecins pour 10 000 habitants alors que l’OMS recommande 1 pour 10 000 habitants. Cela alors que de nombreux médecins restent sans emploi. Et après, on viendra se demander les raisons de la « fuite » de nos médecins qui, même une fois engagés, ne sont pas bien traités.
CSU, la clé
La couverture santé universelle (CSU) telle que définie par l’OMS a pour but de faire en sorte que tous les individus aient accès aux services de santé sans encourir de difficultés financières. Et pour cela, il faut un système de santé solide, efficace et bien géré; des soins à un coût abordable; l’accès aux médicaments et technologies médicales; du personnel de santé en nombre suffisant, bien formé et motivé.
Justement il y a un an, le Burundi organisait sa première conférence nationale sur la santé . Et le leitmotiv était d’avoir la santé dans toutes les politiques. Et au sortir de la conférence, c’est le fait d’ « avoir accès à des services de santé de qualité » qu’il fallait mettre en avant en passant entre autres par le renforcement du système de financement basé sur les performances et/ou par le système de mutualités…
Sommes toutes faites, tout en saluant le fait de vouloir que les Burundais aient un hôpital tout près d’eux, je trouve que dans l’état actuel des choses l’urgence serait plutôt d’équiper en ressources humaines et matérielles les structures déjà existantes pour qu’ils puissent offrir des services de qualité. L’autre volet est d’investir massivement dans la CSU qui, comme le dit l’OMS est « une composante essentielle du développement durable et de la lutte contre la pauvreté » pour lesquels le nouveau Président entend lutter.
Le meilleur de tous les articles que j’ai eu à consulter sur Yaga. Vraiment la priorité est d’investir beaucoup plus dans le renforcement du système de la santé Burundais.
C’est du moins un bon article, seulement tout cela relève de l’incompétence des responsables de ces infrastructures de santé aussi bien qu’ils sont autonomes ! Le pire, à la photo de couverture prise de salle d’accouchement de l’hôpital Prince Louis Rwagasore, je ne suis pas surpris car parmi le personnel, il yen a ceux qui ne savent leurs tâches !le patient peut mourir dans la salle d’urgence sous manque d’intervention !!!!! Le scanner coûte combien ? Qui fait la commande ? Qui est responsable de l’achat ? Est-ce le président de la République ?le ministre ?Qui fait le constat que le scanner est nécessaire ? Est-ce que le personnel est compétant ? Qui va réparer cette toiture ? Il est vrai que le président fixe des objectifs généraux mais les objectifs intermédiaires et supecifiques doivent être pris par ses subordonnés ! Il ya de fameuses inscription dans les machines des hôpitaux trop étapistes de telle sorte qu’un patient qui souffre de la diarrhée, guérisse ou périsse avant d’arriver devant le médecin ! Ce qui est nécessaire, c’est la prise de conscience des parties prenantes.
L’article est très très très intéressant
Je felicite l’auteur de cet article.
L’analyse est bien faite. On a pas besoin de plus d’hôpitaux au Burundi mais plus de qualité des soins dans les hôpitaux et en dehors. Il faut agir sur les determinants sociaux de la santé: eau, environnement et autres.
Il faut plus de personnels qualifiés et bien stabilisés pour assurer leur mission. Le pays devra comme le souhaite le président, pour être autonome, investir plus dans la santé avec plus de ressources.
Qu,est ce que tu as fait pour que CE système soit solide?Les critiques ne construisent pas .Nous voulons des actions.Lui,il va faire ce qu’il nous a promis .Et tu vas faire quoi?