Nous remarquons que toutes les Eglises du Burundi ont beaucoup de fidèles aujourd’hui. Entre religiosité (excès de sentiment religieux), manipulation, acte de désespoir et vrai foi, notre contributeur Al Nzambo tente une explication du phénomène.
Si les commandements de Dieu (bien au-delà d’une dizaine, d’après les exégètes, ramenés à dix grâce à l’art de la négociation de Moïse) ne concernaient que le peuple juif au début, les autres peuples, notamment les Burundais, se les ont appropriés par la suite. Seulement, je constate qu’ils ne les respectent pas. En effet, « tu ne tueras pas ton prochain, tu ne voleras pas, tu ne forniqueras pas », ne sont plus considérés par la plupart des gens, comme des péchés. On sait par ailleurs que ce ne sont pas ceux qui disent « Mukama, Mukama (Seigneur, Seigneur) » qui iront au ciel, lit-on dans la Bible.
Qu’en est-il des Burundais ?
Comme tous les peuples, les Burundais se sentent tellement petits et faibles devant l’immensité de l’univers, la méchanceté des puissants, la misère dans laquelle ils croupissent, qu’ils s’en remettent, pour la plupart, à Dieu. Les faibles (les pauvres démunis, les faibles socialement et politiquement) s’en remettent à Dieu pour leur survie. Que peuvent-ils d’autre ?
Les puissants, eux, commettent des forfaits en implorant l’assistance de Dieu ! Ils affirment même avoir le soutien de Dieu pour vaincre leurs ennemis ! Bientôt, j’en ai peur, ils imposeront les « quatre-temps » (série de trois jours : mercredi, vendredi et samedi, pratiqués officiellement à Rome au Vème sicle) pour le jeûne et l’abstinence, pour demander à Dieu (qui les aurait créés à son image, croit-on savoir) bénédiction et assistance dans tout ce qu’ils font et feront, de bon pour eux, et de mauvais pour leurs adversaires.
Est-ce normal pour un croyant convaincu ?
Au Burundi, les séances religieuses publiques auxquelles nous assistons, croyants ou non, nous sont imposées. D’ailleurs elles ne sont pas autorisées par la Constitution burundaise qui consacre la laïcité de la République. Mais cette religiosité est un réflexe normal pour un peuple qui ne comprend pas ce qui lui arrive, ne voit pas, car ne sait pas où il va. Karl Mark n’a-t-il pas d’ailleurs démontré que la religion est l’opium du peuple ?
Nous prions et crions fort : « Que Dieu vienne au secours des Burundais, croyants ou non, qui croupissent dans une misère sans nom, alors qu’ils prient tous les jours, la preuve, s’il en était, étant que les églises sont remplies tous les dimanches et nombreux sont les prédicateurs disant être envoyés par Dieu ». J’espère que Dieu n’est pas sourd.
La religiosité au Burundi, un fait religieux en apparence, est donc aussi un fait social dû à la misère, et politique aujourd’hui car imposé par les autorités politiques du pays. Mais je pense qu’il faudrait séparer la religion et la politique une fois pour toutes: à César ce qui lui appartient, et à Dieu le reste.
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Et si la « religiosité » n’était pas qu’un cri de déséspoire envers l’Être qui peut les sécourir, ni qu’un échappatoire pour ceux dont la conscience reproche un acte ou un autre? Et si cette « religiosité » était une évasion vers un idéale tant rêvé mais inaccessible à cause de tant d’erreurs commises par chacun à sa manière? Pourrait-on dire qu’elle soit causé par la misère lorsqu’il est possible qu’elle soit l’un des facteurs la favorisant? Comment une personne aussi déséspée,au point de perdre la raison, de séparer la religion de la politique alors qu’elle ne parvient plus à correctement faire la distinction entre lebien et le mal.
C’est pas vraie ça