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Ces « rebelles » inconnus du grand public qui ont résisté à l’occupation belge

Runyota et Inamujandi ne sont pas les seuls à avoir contesté l’ordre imposé par l’administration belge au Burundi. Avant eux, et même après, il y a eu d’autres « rebelles », bien que moins ancrés dans la mémoire collective des burundais. 

Relativement connu  parmi les contestataires de la domination belge au Burundi (après Runyota et Inamujandi bien sûr), un certain Pascal Pahuda ne passe pas inaperçu. Surtout que son insurrection se passe dans un lieu des plus symboliques : à Nkoma, ce site connu pour être le lieu originel de la monarchie burundaise. Car, vous n’êtes sans vous rappeler que le roi Ntare Rushatsi, le fondateur de la dynastie serait venu de Buha du sud en passant par le Nkoma. Il s’agit donc, nous dit l’Historien Emile Mworoha, d’une position géographique qui se prête à ce phénomène de rébellion. 

C’est donc un Pahuda qui apparaît à Nkoma et qui se fait  passer pour un nouveau Ntare. Nous sommes en 1944. Il est accueilli par la population du coin qui crie à la venue du nouveau roi et qui éteint le feu pour que le ce dernier le rallume. 

Comme nous l’explique Mworoha, Pascal Pahuda se réclame être le fils de Mwambutsa, né en 1925 à Mutaho d’une mère inconnue. Il passe par la suite au Moso non sans attirer de nombreux partisans.

Mais comment expliquer cet acte d’insurrection ?

Comme on l’a vu pour les révoltes de Runyota ou d’Inamujandi, la contestation se nourrit d’un contexte particulier. De difficultés économiques. D’une situation difficile et jugée inacceptable. Selon toujours Mworoha, la révolte de Pahuda ne fait pas exception. Sa « rébellion » s’inscrit dans un contexte de crise économique. Il faut dire en effet que les années 1943-1944-1945 sont traversées par des difficultés économiques. 

Qui plus est, pendant la deuxième guerre mondiale, plusieurs milliers de Burundais sont recrutés pour le portage. D’autres servaient comme cuisiniers ou étaient engagés comme chauffeurs pour aider les troupes belges. 

La population souffre plus durement quand il faut fournir des vivres, des vaches laitières ou des taureaux de vaches stériles pour nourrir les troupes en guerre. Cette famine est connue sous le nom de Manori. À part ces évènements politiques, il faut souligner l’invasion des sauterelles, avec tout ce que cela représente pour le rendement agricole. 

Résultat, la population manifeste son mécontentement en refusant de payer l’impôt et de participer aux travaux forcés. C’est vers ces années que la bastonnade prend l’ampleur tandis que le Mwami lui-même était mal vu par la population, traité de serviteur des autorités mandataires. 

Vous l’aurez donc compris, dans cette période de marasme économique, politique et social, Pahuda s’attire des soutiens. Et le roi Mwambutsa jugé incapable de trouver une solution à ces problèmes, la population se tourne alors vers un « Ntare », Pahuda. Installé à Giharo, toute la population vient lui rendre hommage. Même certains chefs l’accueilleront comme roi et assureront même  sa protection.

Ses partisans se dispersent, il sera arrêté à la colline Mugondo par le chef Ndenzako avant de purger une  peine de 5 ans. 

Avant Pahuda, il y a eu ….

… un certain Rubengebenge au nord-est qui arguait être né avec des semences et que par conséquent le pays lui revenait. Nous sommes entre 1912-1913. Comme l’écrit l’Historien Joseph Gahama, il reviendra en 1922, préparer la venue du nouveau roi, un Ntare, disait-il. Il ne s’empêchera pas d’interdire tout ce qui est européen. Sous son instigation, il y aura des révoltes sporadiques.

C’est aussi le cas d’une certaine Inamuvyeyi Nyavyinshi, signalée par un diaire de Rugari (Muyinga). Depuis ses marécages, de là où elle vivait elle interdisait tout travail le lundi  sous peine de retenir la pluie et faire perdre les récoltes. Peureuse, la population se conformera à l’interdiction.

Si les résistances de Rubengebenge et Inamuvyeyi Nyavyinshi ne préconisaient pas une révolte armée, elles prenaient un caractère passif qui n’était pas moins subversif que le mouvement de Runyota et Inamujandi. Des mouvements, faut-il le rappeler, qui s’inscrivent dans le cadre des difficultés économiques ou qui veulent en découdre avec l’ordre imposé par la « colonisation ».

 

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Les commentaires récents (1)

  1. C’est tres intéressant.j’admire toujours notre histoire.ça serait mieux si vous produisiez beaucoup de documents écris sur notre pays sur tout les événements dès la naissance jusqu’à la fin du monde 😊😊