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Poussée « victimaire », un maillon faible du processus de réconciliation au Burundi ?

Avec l’assassinat du Prince Louis Rwagasore, le Burundi a sombré dans des crises sociopolitiques récurrentes. Mais fait inquiétant, ces derniers jours, une tendance à se positionner en victime se manifeste. Et pour cause, estime ce blogueur, la culture d’impunité qui s’est fortement installée. Et de se demander, inquiet, si   les victimes d’hier ne seront pas les bourreaux de demains et vice versa ?

 Au moment où il y a nécessité de partager l’histoire de notre pays, le constat amer est que nous doutons toujours sur la vraie victime des crises que le pays a traversée. Comment alors définir une victime en essayant de nous éloigner de tout débordements passionnels comme c’est le cas actuellement ? En se référant à la définition de « victime » tel que définie dans la déclaration de l’ONU de 1956, on entend par « victime » des personnes qui individuellement ou collectivement, ont subi un préjudice, notamment une atteinte à leur intégrité physique ou mentale, une souffrance morale, une perte matérielle, ou une atteinte grave à leurs droits fondamentaux, en raison d’actes ou d’omission qui enfreignent les lois pénales en vigueur dans un Etat membre (…).

Au Burundi, faute d’initiatives collectives et consensuelles, un contentieux sociopolitique s’est accumulé au fur des années, suite à une culture d’impunité qui fait que le non traitement du passé multiplie les arriérés de problèmes qui se trouvent à la table de la CVR. C’est pourquoi, il y a une course qui s’observe dans l’acquisition de ce statut de victime suite aux crises que le pays a traversé. Ceci alors que les blessures et les chocs du passé séjournent dans l’inconscient et la victime finit par nourrir   progressivement le sentiment de vengeance en témoignent une série de crise que le pays a traversé : 1965, 1972, 1988, 1991 et 1993.  C’est qui est curieux, chaque crise tire ses causes, ses explications ou ses racines de la crise précédente. Et parfois les victimes d’hier sont agresseurs dans des crises suivantes.

Vérité et justice, de vrais remèdes

Face à cette délicate statut victimaire, la vérité reste un levier thérapeutique pour les victimes qui ont besoin de vivre une expérience de justice, lui assurant que ce qu’elles ont vécu était injuste afin de pouvoir bien tourner la page.

La justice aussi parce que la victime est souvent ignorée par le système judicaire, l’impunité étant érigée comme une stratégie des pouvoirs qui se sont succédés depuis l’indépendance. Et quelle justice nous faut-il dans le contexte burundais ?   De mon point de vue, la justice réparatrice qui nous semble une alternative intéressante à la justice classique pour répondre aux crimes du passé et remédier à la crise de la pénalité. Cette dernière étant définie comme une approche de justice axée sur la réparation des torts causés par le crime en tenant le délinquant responsable   de ses actes et   en donnant aux parties directement touchées par le crime l’occasion de déterminer leurs besoins respectifs. C’est cette approche qui permet la guérison, la réparation et la réinsertion et qui prévient tout tort ultérieur.

La justice transitionnelle en cours au Burundi devrait envisager cette justice pour enfin satisfaire l’essence global de son processus. C’est cette justice qui fera qu’un statut de victime bien orientée voire assumée aide à réparer ensemble l’avenir   de notre pays.

 

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