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La politique de charroi zéro : où en sommes-nous ?

En vue  de la bonne gestion du parc automobile de l’État, le gouvernement du Burundi a décrété en 2013 la politique de charroi zéro. Une réforme présentée à ce moment comme des plus salutaires. Mais peut-on parler des avancées et/ou d’efficacité  pour autant , cinq ans après sa mise en vigueur ? La question mérite d’être posée.

Cette réforme du transport administratif est partie d’un constat des dysfonctionnements liés à la gestion du charroi de l’État. C’est entre autres les abus d’utilisations des véhicules étatiques, leur mauvais entretien, les frais de réparation surfacturés, la mauvaise gestion, etc. Cette politique visait donc la réduction des charges liées à la gestion du parc automobile de l’État.  Et selon le gouvernement, elle devait générer des ressources pour le financement des secteurs sociaux. Allez savoir toutefois si c’est réellement le cas.

Efficacité ?

Cinq ans après la mise en place de cette politique, s’interroger sur son efficacité ou ses avancés ne serait futile. C’est ce qu’a fait l’Institut de Développement Économique du Burundi (IDEC) dans sa note de politique de mai 2017.  En effet, selon cet institut, cette politique n’a touché que 20% du charroi de l’État. Le gros des véhicules étatiques étant détenu par les ministères de la défense et de la sécurité publique (exempts de cette politique) et les administrations déconcentrées n’étant pas concernées par cette politique.

Il faut souligner aussi qu’avec cette politique, les indemnités kilométriques pour les fonctionnaires utilisant leurs propres véhicules à des fins de services publics sont allées crescendo. En 2016, ces indemnités représentaient près du double (1,8) de leur valeur de 2013. Concrètement, elles étaient à un peu plus de 1.500.000.000 fbu en 2013 contre près de  3.000.000.000 fbu en 2016. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Résultats en demi-teinte

Qui plus est, si les budgets  alloués au charroi de l’État ont enregistré une baisse relative depuis 2013 ( 18.715.038.877 fbu en 2013 contre  17.344.063.746 fbu en 2016, soit une baisse de 7,3%), ceux destinés à l’achat du carburant et des lubrifiants ont quant à eux connu une augmentation pour la même période.

Enfin, toujours selon la note de politique de l’IDEC, il ressort que si les budgets destinés au charroi des hautes institutions de la république ont baissé, ceux de l’Assemblée nationale par contre n’ont cessé d’augmenter. A titre illustratif, la part du budget de l’Assemblée nationale est passée de 50,2% en 2013 (date du début de cette politique)  à 64,3% en 2016.

Autant d’éléments (et ce ne n’est pas exhaustif) qui montrent que l’efficacité prônée par cette politique n’est pas si évidente que ça.

Rectifier le tir

C’est incontestable. La politique de charroi zéro était pertinente (et c’est toujours le cas). Reste toutefois le problème de son applicabilité ou de son effectivité. Dans un Burundi qualifié de mauvais élève en matière la bonne gouvernance, difficile de parler d’avancées significatives. Surtout que les secteurs sociaux qui étaient censés bénéficier des ressources tirées de cette politique ne se portent pas mieux. Allez savoir les multiples défis qui minent la santé et l’éducation, pour ne citer que ceux là. C’est dire que cette politique n’a pas encore produit des résultats escomptés et que la rectification du tir s’impose.

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