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Plus de vie active après la destitution ?

La corruption et les crimes connexes sont une réalité au Burundi. Mais, rarement les mauvais gestionnaires de la chose publique sont poursuivis en justice. Des zones d’ombres persistent dans les rares affaires qui sont instruites. La justice devrait doubler ses efforts pour donner une suite appropriée aux dossiers liés aux détournements de fonds publics et aux malversations économiques. 

Le récent conseil des ministres a haussé le ton quant à la suite à réserver aux anciens cadres de l’Etat destitués. Les sociétés privées partenaires de l’Etat ne doivent pas continuer à engager les mauvais serviteurs. « L’Etat Burundais considère que cette forme d’engagement est une rétribution pour les services que ces personnalités ont rendue aux sociétés qui les engagent », annonce le communiqué du conseil des ministres. Il s’agit d’une autre forme de nuire à l’état, conclue le communiqué. 

Désormais, une société qui engage ou entretient des relations d’affaires avec une personne qui a été limogée par l’Etat pour un manquement portant atteinte à l’Economie Nationale ne pourra plus être un partenariat de l’Etat. 

Et la présomption d’innocence ?

Cette mesure s’inscrit dans la lignée tracée par le gouvernement pour lutter contre la corruption et les malversations économiques. D’autres initiatives ont été prises dans ce sens, comme l’incitation du chef de l’Etat à ceux qui se sont servis dans la caisse de remettre à l’Etat l’argent volé. Il faut aussi noter que certains responsables accusés de malversations ou de détournements des fonds de l’Etat ont été limogés. Mais cela suffit-il ? 

Nul n’ignore l’existence de plusieurs dossiers sur la mauvaise gouvernance au Burundi. Le numéro Un Burundais est intervenu sur plusieurs dossiers où les cadres de l’Etats étaient accusés de mettre à mal les intérêts publics. C’est dans ce cadre que des contrats sur l’exploitation des minerais et des terres rares ont été suspendus. Le barrage de Mpanda où l’Etat a perdu plus de 54 milliards constitue un autre dossier important qui a focalisé l’attention de l’opinion public. D’autres cas comme la destitution de l’ancien DG de l’Otraco par le président Ndayishimiye devant les caméras ou ses propos sur la spéculation entretenue par certaines gens sur les devises lors de la journée du contribuable resteront gravé dans la mémoire des Burundais. 

La destitution d’accord, mais après ? 

Cependant, elles sont peu nombreuses les personnes destituées qui ont été poursuivies en justice. Le gouvernement se garde de lancer des enquêtes, du moins jusqu’aujourd’hui, sur des cas de malversation, de détournement des fonds publics ou de corruption. Pourtant, une procédure judiciaire devrait être lancée en cas de suspicion de corruption et de malversation, des crimes que la loi burundaise punit sévèrement. Or, si ces crimes ne sont pas confirmés par la justice, ces gens ne sont pas coupables. Le Code de procédure pénale (CPP) est clair : « Toute personne est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été établie au cours d’un procès public durant lequel toutes les garanties nécessaires à sa libre défense lui auront été assurées » comme l’indique l’art. 110 de ce texte de loi. Ils peuvent avoir mal fait leur travail à cause de leur incompétence ou leur incapacité. Dans ce cas les destituer est normal, mais c’est à la justice de voir si leurs actions sont punissables par loi ou pas.  

Les personnes accusées de mauvaise gestion, de corruption ou de malversations économiques devaient être amenées devant la justice. Pourquoi ne pas réparer le tort qu’ils ont causé à l’Etat ou aux Burundais ? Dans le jargon juridique, on parle de l’action récursoire où l’Etat répare le tort qu’ils ont commis et se retourne contre eux pour leur faire payer en les trainant en justice. 

 

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