En 1962, le Burundi s’est doté d’une Institut des sciences agronomiques (ISABU). Cette dernière a été mandatée pour faire des recherches dans le domaine agricole afin de fournir aux agriculteurs burundais un matériel animal et végétal performant. Est-ce que les agriculteurs profitent pleinement des fruits des recherches de cette institution ?
Au Burundi, 90 % de la population vit de l’agriculture. Depuis son arrivée au pouvoir, le numéro Un burundais ne se lasse pas de répéter que « chaque bouche doit avoir à manger… ». Est-ce pour concrétiser ce vœu que l’an 2022 a été dédié à l’agriculture, réputée être le moteur de l’économie burundaise ?
Paradoxalement, le budget alloué à ce ministère a été revu à la baisse, passant d’à peu près 136 milliards de BIF en 2021 à 128 milliards en 2022.
Depuis des années, l’ISABU existe et cette institution est logiquement sous tutelle du ministère de l’environnement, l’agriculture et l’élevage. Il a pour but d’accompagner techniquement les agriculteurs.
A ce titre, il est censé contribuer à la mise en place d’un secteur agricole dynamique fondé sur des technologies innovantes, afin d’arriver à une amélioration du bien-être des agriculteurs.
A ce niveau, déjà une question se pose : cette institution, répond-elle aux attentes du petit paysan ?
Quid des réalisations de l’ISABU
Pas mal d’études et recherches ont été menées par cette institution, notamment sur l’adaptabilité de différentes variétés des semences, l’évaluation de l’efficacité des insecticides minéraux et organiques, etc.
Par exemple, dans son bulletin trimestriel de juillet-septembre 2022, on trouve parmi les réalisations, le test d’adaptabilité des variétés des maïs bio-fortifiées, l’évaluation des insecticides à base de la pyréthrine dans la lutte contre la punaise du caféier, etc.
Toutes ces recherches ont, paraît-il, donné de bons résultats. A titre d’exemple, les essais faits sur quatre variétés de maïs bio-fortifié montrent que le rendement varie entre 4,58 et 5,66 tonnes par hectare.
Selon un agriculteur interrogé, la récolte qu’il a eue avec les variétés non fortifiées n’a été que de 600 à 700kg par hectare.
Et la disponibilité des semences ?
Seulement moins de 10 % des agriculteurs utilisent des semences améliorées, 90% qui restent utilisent encore soit des tout-venants, soit des semences des récoltes précédentes.
Or, si les recherches de l’ISABU aboutissent à des résultats positifs, on se demande pourquoi tous les agriculteurs n’ont pas accès aux semences et insecticides produits par cette institution.
A mon humble avis, dans l’urgence, l’ISABU et le ministère de tutelle devraient mettre en place un système durable qui fournit à nos paysans des rendements plus améliorés et des variétés de nos cultures résistantes aux maladies et à la sécheresse (semences améliorées), car les chiffres militent pour une action urgente.
L’Etat devrait fournir un effort particulier pour soutenir l’agriculture, notamment en appuyant cette institution qui accompagne les agriculteurs, grands ou petits. Il devrait aussi s’assurer que les fruits des recherches profitent aux concernés en facilitant l’accès aux semences améliorées. S’il le faut, les subventionner davantage pour que les prix soient abordables pour les petits exploitants agricoles.
Dans le cas contraire, le Burundi continuera d’être exclusivement vulnérable aux crises alimentaires et à la pauvreté. Ce qui n’est pas sans conséquences.