C’est un chiffre qui fait froid dans le dos : depuis l’offensive du M23 à Goma, trois milles âmes ont été victimes de cette barbarie humaine, d’après l’ONU. Et cela, en une semaine. Le reste du monde ? Il est plus occupé à choisir qui est le plus légitime pour poser ses bottes à Goma ou pas. Les vies humaines, il paraît qu’on doit s’en foutre.
La guerre est la plus belle épreuve de la cruauté humaine. Une légende voudrait qu’il y ait des vainqueurs et des vaincus. Cependant, il n’y a jamais eu de vainqueurs dans une guerre. La propagande s’assure que le peuple croit en la rhétorique de celui qui pense avoir gagné la guerre.
Parlons du peuple. Spécialement de ce peuple qui subit la guerre. Les habitants d’Hiroshima et Nagasaki n’ont rien fait pour subir les conséquences d’une bombe atomique. À Varsovie, sans faire signe, la LuftWaffe allemande frappait à la porte en 1939 : combien de Polonais morts sous les balles des nazies ? À Nankin, les Japonais ont passé des jours à massacrer, violer, commettre des atrocités au peuple chinois. Les exemples sont multiples. Goma est aussi sur cette liste énorme des villes qui deviennent des théâtres de guerre. Les Gomatraciens sont des moutons prêts à être sacrifiés à l’autel des canons et des balles. Triste ?
Quand la fin de la guerre aura lieu…
Un exercice de pensée : les habitants de Goma se sentent comment en ce moment ? Sous les balles et les roquettes ? Imagine des échanges de tirs qui durent des heures, des maisons entièrement brûlées, et les cris de la fille du voisin d’à côté arrivent dans tes oreilles car, 13 hommes sont en train de la violer…
Imagine la soi-disant communauté internationale à New York en ce moment, discours après discours. Certains même rivalisent pour montrer qui a la meilleure diplomatie, le meilleur PR (Public Relations), etc. Cette même communauté internationale qui ne peut mettre fin à aucun conflit actuel.
Si un Gomatracien demandait « à quoi sert l’ONU ? », il n’aurait pas tort. La communauté internationale est devenue la risée de tout le monde. Son incapacité à résoudre un conflit est légendaire.
Une guerre n’est pas l’occasion de prouver son acuité pour la géopolitique et les relations internationales. Une guerre n’est pas un moment pour se réjouir parce que l’ennemi de ton ennemi est ton ami. Une guerre c’est du sang, des pleurs, des âmes qui ne guérissent jamais. En pensant à Goma, pense à ses habitants. Ne pense pas que « Goma est stratégique pour le M23 ». Pense à ces enfants qui ne verront plus leurs parents, aux veufs et veuves qui viennent récemment de le devenir.
La réalité de la guerre
Après, les plus téméraires (ou fous) diront que ce papier est rempli de naïveté. Que c’est peut-être un jeune homme qui « n’a pas connu la guerre » qui s’amuse à philosopher, que 3 000 morts, c’est des stats de rookie. Cependant, dans les 3 000, il y a des enfants qui avaient des rêves, des mères qui étaient enceintes, des jeunes hommes et femmes sur le point de se marier, etc. Une seule vie humaine ne vaut pas la mort.
Peut-être, c’est « la réalité de la guerre ». Qu’on doit se résigner qu’un jour, une armée étrangère ou rébellion viendra dans nos sommeils nous étrangler ou violer nos mères et nos sœurs. Peut-être que le fusil a plus de pouvoir ici-bas que celui qui tire la gâchette ? Peut-être devrions-nous nous résigner à accepter « la réalité de la guerre » ?
Mais à Goma, celui qui souffre le plus n’est pas les FARDC qui font face aux M23. C’est le peuple. Ce dernier devrait être protégé par tous. Parce qu’il n’a rien demandé. Plutôt que de dire « la réalité de la guerre », voyons cela dans un angle humaniste (si nous pouvons dire que nous sommes encore des humains) : il est préférable de dire « les cruautés de la guerre ». Évitons de romancer la violence.
Capitalisme