À Bujumbura, les maisons de pari ont pignon sur rue, leurs salles de jeux sont décentes, voire luxueuses, les nouvelles agences essaiment ici et là, et les agents de ces sociétés sillonnent presque tous les quartiers. Tout cela témoigne d’un business lucratif. Pourtant, derrière cette prospérité se cache une réalité hideuse : l’addiction du joueur qui entraîne endettement, surendettement, famille brisée, vie perdue. La blogueuse Laude Ersine Complis Iradukunda s’est penchée profondément sur ce phénomène.
Il est 11 heures. Des jeunes entre 16 et 30 ans discutent d’un ton enjoué devant une boutique. Face à eux, Claver (pseudo), agent d’une des maisons de pari du Burundi, qui aujourd’hui fait son travail sur terrain. En me voyant s’approcher, ils s’étonnent et me cèdent la place. Ce n’est pas tous les jours qu’une fille vient parier. Après quelques mots, je comprends qu’ils discutent des résultats de la veille. Certains sont tellement de bonne humeur, que chacun se presse pour être celui qui va m’initier à ce nouveau monde.
Donc, il existe plusieurs catégories de pari et le choix dépend du client. On peut parier sur des matches de football, de basketball, les courses de chevaux, etc. Les maisons diffèrent par l’argent misé et par les cotes. Sports4Africa nécessite 800FBU au minimum tandis qu’avec le système Ecocash et 50 FBU d’unités, on peut parier chez PesaBet.
Claver m’explique que les clients viennent de leur propre gré dans les salles de pari. Mais souvent, le marketing est assuré par les agents commerciaux de ces maisons, qui vont prospecter dans les quartiers. Avec leurs uniformes, ils ont le droit d’entrer partout et de vendre leur produit à toute personne majeure sauf aux vendeuses de fruits et légumes (va savoir).
Le revers de la médaille
Pourtant, dans ce système qui paraît assez bien régulé, les problèmes ne manquent pas, et les moindres sont ceux rencontrés par les agents : «En plus des bagarres, on peut se heurter aux injures des clients. Mais ceci est fréquent dans les salles et non pas sur terrain. Les insultes des parents dont les enfants ou conjoints sont accros aux jeux sont aussi fréquentes», confie Claver.
Justement, le plus grand problème de ces jeux est la dépendance. Pour certains, jouer est devenu une obsession comme ce père de famille que j’ai rencontré: « A cause des jeux, j’ai même vendu ma voiture. Et pourtant je n’arrête pas de jouer.»
Cette addiction ne touche pas que les joueurs lambda. Même les vendeurs de ces « produits » peuvent facilement succomber. « Il arrive qu’un agent devienne accro aux jeux. Dans ce cas, il peut même emprunter l’argent dans la caisse et ne pas pouvoir le rembourser. Attrapé, il est licencié automatiquement », révèle toujours Claver.
Comme pour toute drogue, les consommateurs essaient de trouver des stratagèmes pour contourner les barrières mises en place par leur entourage. « Ma femme ne sait pas que je joue sinon elle me tuerait, avoue Landry, un mari de 35ans. J’utilise l’application qui me permet de jouer en ligne sur ordinateur. Personne ne me verra dans ces maisons. Je regarde les matches dans un bistrot tout en vérifiant sur mon portable si mon ticket va gagner ou pas.»
Le fléau des ménages
« Imaginez quelqu’un qui vient jusque dans votre quartier pour détruire les vies de vos enfants. Les miens volent même maintenant à la maison. Ces jeux devraient être un délit au lieu d’être règlementés par la loi », nous répond une mère furieuse dont ses deux fils sont tous accros aux jeux.
Effectivement, peu sont ceux qui jouent une seule fois et arrêtent après avoir gagnés. La somme gagnée est souvent réinvestie dans le jeu même. Et la triste vérité est que beaucoup finissent par tout perdre. Mais à cause de cette dépendance, ils vont même jusqu’à s’endetter, et pour recouvrer ces dettes, ils tentent de rejouer. Ainsi, ils se retrouvent dans un terrible engrenage, un cycle vicieux dont il est difficile de s’extirper.
Compte tenu de la facilité avec laquelle on peut sombrer, une meilleure réglementation du secteur serait appropriée. Sans cela, plusieurs familles vont continuer à se déchirer et à plonger inexorablement dans une misère sans nom.
Oui moi aussi je suis joueur c’est bien de gagner et ca rapport mais il y a des fois je perds.La solution que je propose c’est d’interdire au moins de 18 ans parce que ils sont nombreux
Peut-on parier sur un seul match?
Le problème d’addiction ne concerne pas seulement les moins de 18 ans, il concerne tous! Non… Il doit y avoir un système de régulation
j’ai tout perdu, plus de 130000 euros dans les paris sportifs .
Ma vie est gâchée et je suis ruiné.
Un homme désespéré , perdu et ruiné…