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PAEEJ : enfin une solution pour réduire le chômage ?

Au Burundi, trouver une réponse satisfaisante à une demande d’emploi revient à viser la lune avec un lance-pierre. Au moment où le pays vient de se doter d’un programme nommé PAEEJ pour essayer de trouver des solutions au chômage, une question reste donc posée. Va-t-il être le remède tant attendu à un problème dont les ramifications dépassent le seul cadre d’intervention du programme ? Analyse.

Chaque année, nos écoles et universités déversent des milliers de jeunes diplômés sur le marché de l’emploi, mais rares sont ceux qui arrivent à  décrocher l’emploi. Face à cette situation, le gouvernement ne cesse de fournir des efforts pour essayer d’atténuer la situation. 

Tenez, la mise en place d’une Agence Burundaise pour l’Emploi des Jeunes avec 72 millions de BIF pour encadrer 200 jeunes, la création de coopératives Sangwe avec un budget de 10 millions de BIF pour chaque coopérative, la  création de la  Banque d’Investissement des Jeunes (BIJE), le Fonds d’Impulsion, de Garantie et d’Accompagnement (FIGA) des jeunes et tout récemment le Programme d’Autonomisation Économique et d’Emploi des Jeunes Diplômés (PAEEJ). 

Mais jusque-là, les résultats se font encore attendre pour ces projets ambitieux dont on attend beaucoup. 

PAEEJ : le programme, agit-il sur les bonnes pédales ?

Avec un fonds de 48 milliards de BIF pris en charge par le budget général de l’Etat, il a pour mission, de travailler sur la formation et le renforcement des capacités des jeunes, de travailler sur la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes et enfin de favoriser l’insertion professionnelle de la jeunesse ayant eu des formations dans différents domaines. 

D’après Désiré Manirakiza, le coordinateur, le PAEEJ vient résoudre la question épineuse de chômage des jeunes. Or, à mon humble avis, le chômage ne peut pas être réduit au seul financement des projets des jeunes ou des formations. C’est une bataille éclatée sur plusieurs fronts.

Primo, il y a la question de la taille des fonds mis en place. S’ils permettent de financer des milliers de jeunes, il ne faut pas perdre de vue que le taux de chômage des jeunes est de 55,2% dans le milieu rural et 65,4% dans le milieu urbain. Cela montre déjà dès le départ qu’il est illusoire de vouloir endiguer le chômage avec ce seul outil.

Secundo, lorsque l’on parle d’insertion des jeunes dans le tissu économique, il faut bien que ce tissu s’élargisse. En d’autres mots, il faut que les entreprises se créent, ou se développent à un rythme suffisant. Ce qui n’est pas toujours le cas pour notre pays. L’objectif ne devrait pas être tant d’insérer les jeunes, que d’emmener les entreprises à se créer, et à se développer. Or, on se focalise sur le chômeur, et pas sur les entreprises qui offrent les emplois. Pourtant, il est clair qu’une entreprise qui s’installe, recrute des gens.

Tertio, financer un jeune qui veut créer une activité ne le sort pas automatiquement du chômage. L’activité mise en place peut ne pas décoller avec le climat des affaires ambiant. C’est cela qui arrive le plus souvent. Et c’est le retour à la case départ pour beaucoup de jeunes. À mon avis, les financements devraient cibler en priorité les jeunes qui sont déjà en mouvement afin qu’ils se diversifient, agrandissent leurs activités et embauchent au passage du personnel. Ainsi, les prêts octroyés par le PAEEJ vont amplifier des dynamiques déjà existantes, et les emplois ainsi créés ne seront pas des emplois à court terme. 

Piste de solution : rectifier le tir 

L’évidence est qu’il faut changer absolument de stratégies en se focalisant sur les activités économiques, et non sur les chômeurs. En voulant insérer les jeunes alors que la capacité d’absorption du marché de l’emploi est faible, on débouchera inévitablement sur des solutions de courtes périodes, stage-emploi de quelques mois, l’octroi de financement, etc.

Cette stratégie n’a pas d’impact à long terme sur la question. Le gouvernement a besoin de faire davantage d’efforts pour soutenir la création d’entreprises, et plus particulièrement reconnaître son importance dans la création des emplois. Aussi longtemps que le gouvernement ne tiendra pas compte de cette dernière, la réponse à l’emploi des jeunes restera une illusion au Burundi et c’est une bombe à retardement.

 

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Les commentaires récents (1)

  1. Merci Mr Lionel pour cet article interessant que tu vieux de mettre en relief!!donc, moi je peux dire qu’il sera bien utile aux leaders qui veulent justement eradiquer le chomage au Burundi car toutes les conseils necassaires sont là! De cala, n’oubliant pas d’ajouter que la seule problematique qui va causer ces projets ci haut-cités mis en place par le gouvernement de ne pas reussir c’est le manque de suivie et d’accompagnement á ceux projets lancés