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Moi et l’alcool, la genèse…

Tout a un début. Personne ne naît buveur, on le devient. Ça dépend des motivations et des raisons qui poussent chacun d’entre nous à le devenir. Pression de l’entourage, problèmes de la vie, curiosité ou tout simplement en avoir envie. Voici mon histoire.

Début 2018. Je viens juste d’entrer à l’université, l’étape la plus intéressante de ma vie. J’ai déjà 20 ans et me sens plus jolie que jamais. Une taille ronde bien dessinée, un joli sourire, de beaux yeux, des joues rondes toujours magnifiques, un teint lumineux et des cheveux crépus rendent mon visage naturel et joli. Enfin, c’est ce que me disent mes prétendants à gauche, à droite, moi qui n’avais jamais reçu de tels compliments de la gente masculine. 

Toute ma vie, j’ai été la petite fille parfaite de papa qui devrait réussir avec une bonne note et éviter de sortir de la maison pour que l’hypertension de papa reste stable. « Si tu fais une bêtise, papa va mourir de l’hypertension. Tu feras ce que bon te semble quand tu termineras l’école secondaire », me répète-t-il ça sans arrêt, lui qui m’a fait interner dans un lycée réservé uniquement aux filles. 

La fin des études secondaires donc. Me voilà enfin indépendante, libre et responsable de moi-même. Je me sens plus puissante et vivante. Désormais, il faut que je me comporte en adulte, que je fasse tout ce que les personnes adultes font : avoir des objectifs dans la vie, travailler dur, s’habiller en adulte, sortir les soirs, s’assoir sur un comptoir et boire un verre ou deux.

Le jour j

Avril 2018. C’est l’anniversaire de l’une de mes amies. On fréquente la même fac et on habite dans le même quartier. Je ne vais quand même pas rater son anniversaire. Ce soir-là, elle nous a donné rendez-vous dans un bar du centre-ville de Buja. Un petit établissement avec un comptoir à l’entrée, du monde dans la cour peu éclairée par rapport à la luminosité de notre salon, des serveurs ici et là, des hommes et des femmes qui sifflent leur bière, les uns debout les autres assis tout autour des tables, je parviens à peine à voir les visages de mes voisins. Mon amie m’entraîne alors dans une salle au fond. On s’assoit avec tous les invités sur deux tables comptoirs qu’on avait associées pour ne former qu’une. Il y a là des drums, des guitares, un piano et des artistes qui font une répétition. Apparemment, il va y avoir un karaoké, ce qui fait chaud à mon cœur.

Il y a un autre comptoir dans un coin de la salle. Moi et mon amie allons alors prendre des boissons. Elle choisit du Fanta citron et moi sans hésiter du bock bien froid. C’est la première fois que je vais boire de l’alcool. Je suis toute excitée de voir l’effet que ça va faire sur moi, de découvrir la raison pour laquelle les gens aimaient tant ça. De retour sur notre table, des copains me voyant une bouteille de bock à la main font du bruit, des cheers et des rires s’en suivent. Quel goût amer ! On dirait du paracétamol ! J’ai failli cracher mais la façon dont les autres doivent me donne envie d’en faire autant. Et puis, où cracher ? Ça ferait de moi une indisciplinée et une faible. Peu à peu, la chaleur monte au fil des gorgées. Le goût devient de plus en plus doux.

Après quelques minutes, le karaoké commence. Mon  moment préféré. Du bruit dans la salle. Tout le monde est tout aussi excité que moi. Les chanteurs vont du « Mukobwa ndagowe, Christophe Matata » au « Contre succès, Dr Claude » tout en remémorant à la salle la belle époque des années 2000.

Sans trop savoir pourquoi, j’ai envie de parloter. Malheureusement la musique est assourdissante et je dois crier pour pouvoir communiquer. Tout à coup, une immense joie m’envahit, j’ai envie de rire de tout et de rien. Le sang bouillonne dans mes veines. A peine ai-je terminé mon bock que j’ouvre le deuxième. Ma tête tourne. Malgré, sans savoir ce que je fais, je me mets sur une piste de danse. Moi, le robot. 

Après deux ou trois danses, la bande chante du « happy birthday » à mon amie, on mange du gâteau. 22h sonne, il faut rentrer à la maison. Arrivée au lit, celui-ci fait des mouvements circulaires à une vitesse qui me donne des vertiges. Je suis fatiguée, mes oreilles bourdonnent. J’ai peur. Je crois que la gentille mort vient me prendre. Je m’endors sans m’en rendre compte.

Le lendemain matin, ma tête tourne toujours, j’ai des maux de tête et l’envie de vomir. Et puis, il y a la soif. Je n’ai jamais eu si soif. Je reste ainsi tout l’avant midi…jusqu’à ce que l’un des amis avec qui j’étais la veille m’appelle pour que l’on partage un verre.

 

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